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Politique culturelle / élections présidentielles 2017 / Jacques Cheminade

Nous avons interrogé Jacques Cheminade (SP) qui candidate aux élections présidentielles sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections présidentielles

Votre regard sur de la politique culturelle conduite par le Président de la République François Hollande et des Ministres de la culture de ses gouvernements :

  • Est-ce que les objectifs affichés du candidat Hollande ont été atteints ?
  • Bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.
  • L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.
  • Est-ce que la part du budget consacré à la culture est suffisante ?
  • Est-elle bien utilisée ?
  • Loi Hadopi : que pensez-vous des usages et de la protection des oeuvres ?
  • Le rayonnement culturel de la France est-il suffisant ?

Votre projet culture :

  • Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité ou en rupture avec l’action passée ?
  • Quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser ?
  • Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ?
  • Quel statut pour les professionnels, intermittents du spectacle ?

Réponse de Jacques Cheminade (SP)

Jacques Cheminade
Jacques Cheminade

Votre regard sur de la politique culturelle conduite par le Président de la République François Hollande et des Ministres de la culture de ses gouvernements :

Est-ce que les objectifs affichés du candidat Hollande ont été atteints ?

Ils ont d'autant moins été atteints que la culture, dans son ensemble, a été l'une des premières victimes des coupes budgétaires. Plus regrettable encore, le sentiment que la culture, qui devrait se placer au dessus des considérations partisanes, est prise en otage de calculs idéologiques et électoralistes.

Bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.

Les choix politiques qui ont été faits affectent d'ores et déjà négativement les structures actives de la culture : annulation d'un grand nombre de festivals l'été dernier faute de financements, disparition programmée des cours individuels dans nombre de conservatoires pour des raisons de coûts, restriction du choix d'apprentissage des instruments, là encore pour des raisons de coûts, etc. Ces quelques exemples sont emblématiques d'une politique qui entend déterminer la culture selon des critères de rentabilité financière à court terme. L'une des conséquences se dessine déjà avec une privatisation rampante de la culture qui aboutira à la mettre hors de portée de la population.

L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.

Une action brouillonne, sans vision, sans réelle concertation – comme l'illustre la réforme des rythmes scolaires – et manifestement faite pour satisfaire un agenda autre que le bien-être des enfants.

Est-ce que la part du budget consacré à la culture est suffisante ?

Elle est clairement insuffisante malgré l'augmentation en trompe l’œil, visiblement pour des raisons électoralistes.

Est-elle bien utilisée ?

Il est regrettable que ce budget soit consacré principalement aux grandes réalisations. On peut certes se réjouir que la capitale soit dotée d'une nouvel équipement qui rencontre un réel succès mais il aurait sans doute été plus adéquat de financer des projets sur l'ensemble du territoire et en particulier là où les équipements et les productions culturelles sont les plus éloignés de la population. Je regrette également que la pratique amateur (musique, théâtre, danse) ne soit pas davantage encouragée. En ce qui concerne la pratique amateur, il y a beaucoup à faire pour favoriser une politique d'accès à la culture. Par exemple : la construction ou la mise à disposition de salles de répétitions par les collectivités territoriales peut être impulsée et soutenue par l’État.

Loi Hadopi : que pensez-vous des usages et de la protection des oeuvres ?

Je me suis prononcé dès 2012 contre cette loi et ma position n'a pas changé sur ce point.

Le rayonnement culturel de la France est-il suffisant ?

Il n'y a malheureusement aucune ambition et aucune volonté politique en ce domaine. Comment envisager un rayonnement culturel de la France alors que l'on ferme les Alliances françaises un peu partout dans le monde et si l'on met la francophonie au pain sec et à l'eau ?

Votre projet culture :

Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité ou en rupture avec l’action passée ?

Je prendrai le meilleur de ce qui a pu se faire jusqu'à présent et je l'inscrirai dans une vision culturelle à long terme. Il est essentiel de donner l'art et la science au peuple. Je pense que la culture est aussi l'expression, dans un domaine différent, d'un projet politique qui se définit par un dessein et des principes d'actions communs à la société.

Quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser ?

Parvenir à sortir nos concitoyens de la pauvreté. Pauvreté physique pour un nombre croissant de Français et pauvreté morale et intellectuelle pour une population baignant dans une culture qui – globalement – abêtit, infantilise et dépolitise. En s'attaquant à la dimension physique de la pauvreté (c'est l'affaire de l'économie), on prépare le terrain pour s'attaquer à la pauvreté morale et intellectuelle (c'est l'affaire de la culture et de l'éducation).

Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ?

Clairement, oui. Je propose d'ailleurs que le budget de la culture atteigne 2%.

statut pour les professionnels, intermittents du spectacle ?

Le statut des intermittents du spectacle est, pour l'instant, la moins mauvaise des solutions mais ça ne signifie pas qu'il soit l'idéal. Je le défend aujourd'hui faute de pouvoir proposer mieux dans l'immédiat.

Jacques Cheminade


Réponse publiée le samedi 15 avril 2017