On a vu Les Esqueiters

C’est un mélange improbable que les Esqueiters ont proposé au public du Parvis mercredi et jeudi dernier. La confrontation de quatre skateurs et de deux gentilshommes tout droits sortis du XVeme siècle à Florence au moment où éclos la renaissance qui va éclairer le monde occidental, à moins que ce ne soit du côté du Rotterdam. La rencontre d’une culture venue des skate-parks du 21eme siècle et d’un humanisme qui plante ses racines avec Dante Alighieri et Erasme. Tout semble séparer ces deux mondes, les six siècles, les auteurs classiques et la culture contemporaine, une élite intellectuelle sacralisée et une pensée venue de la rue, la philo humaniste et le backflip. Socrate éclaire Tony Alva, Rodney Mullen initie Martin Heidegger au skate. Et les deux univers commencent à converser. Les auteurs, metteurs en scène et comédiens Nao Albet et Marcel Borràs établissent des liens entre les grands philosophes et la recherche de la figure ultime du skateur. La recherche de liberté qu’ils partagent, en puisant dans la connaissance pour Socrate ou dans le refus de la gravité pour le skateur. Une danse intellectuelle et physique qui joue avec les forces en présence pour nous offrir un regard sur l’universalité du propos des philosophes classique qui va jusqu’à trouver un écho qui ne finit pas de résonner dans la culture de notre société en mouvement. Une étonnante et vivifiante invitation à placer la philosophie au cœur de nos échanges.