Alors, la décision est prise ?
Oui, c’est décidé. Le fonds de commerce est en vente chez un professionnel à 115000 €. Il y a même la sono, les amplis, la licence IV et le carnet d’adresses. Je cherchais à le vendre depuis des années en proposant à des gens qui pourraient être intéressés de faire le relais pour passer la main. Mais ça ne bouge pas. Alors maintenant, je vais le vendre au premier qui le voudra. Même si c’est pour faire une banque à la place du Celtic.
Pourquoi maintenant ?
J’ai 45 ans, ça fait plus de 20 ans que je sers derrière ce comptoir à voir toujours la même vue sur le cours Reyffie. C’est le bon moment pour passer à autre chose. J’ai beaucoup donné avec des semaines de 60 ou 70 heures quand j’habitais au-dessus. J’ai envie de passer à autre chose, prendre le temps et profiter de mes soirées.
La programmation des concerts va jusqu’à quand ?
L’agenda est fait jusqu’à fin aout. Il y a deux ou trois choses en septembre et octobre. De toute façon je vais lever le pied avec 3 concerts par semaine, en attendant la vente.
Quels sont les moments qui ont marqué le Celtic ?
Je ne peux pas dire, il y en a tellement. Avec 3000 ou 4000 concerts en 20 ans, c’est difficile de parler d’un concert en particulier. Il y a des moments où on se rend compte qu’on est en train de passer à un autre stade. Quand on commence à recevoir des mails de musiciens du monde entier qui disent qu’ils ont entendu parler du Celtic et qu’ils viendraient bien jouer ici. C’est devenu un lieu reconnu dans un certain milieu. Je pense par exemple au trio de Hasse Poulsen, Das Kapital qui était arrivé par avion un peu en retard parce que la veille ils étaient au Royal Danish Theatre de Copenhague.
Qu’est-ce qui fait l’identité du Celtic ?
Déjà la salle. Dès qu’on entre on voit toute la salle avec des chaises et des tables autour du centre ou chacun est ouvert sur les autres. Ensuite ici quand il y a un concert on écoute les artistes. Il y a des concerts ou je ne fais pas marcher la machine à café et le lave-verres. Ça ajoute un bruit parasite qui bousille la musique. Quand une personne entre au Celtic au milieu d’un concert, elle comprend très rapidement comment ça marche ici. Les gens repartent s’ils ont envie de discuter, ou ils s’installent discrètement. C’est une question de respect des musiciens, et de l’écoute de la performance de l’artiste par les autres spectateurs. Comme hier Raoul Eden avec sa guitare folk, c’est une expérience avec des accord répétitifs qui viennent de superposer pour créer une masse d’où sortent des illusions acoustiques. Tout le monde s’est mis dans l’ambiance et il n’y a pas eu un bruit du début à la fin.
On mesure l’évolution du Celtic, de bar underground à institution qui côtoie Le Parvis, La Gespe et le Conservatoire dans Dark side of the rock !
Oui, pour ceux qui s’intéressent à ce qui se passe à Tarbes. Je suis rendu compte au fil des années que Le Celtic joue vraiment un rôle essentiel : celui de rendre la culture accessible à tout le monde, même aux plus éloignés car c’est plus facile de pousser la porte de ce lieu que celle de lieux plus institutionnels. J’ai vu des gens qui vivaient à cent mètres du conservatoire qui ont découvert la musique baroque en venant ici et en restant à un concert organisé en partenariat avec le conservatoire. Ils sont restés scotchés, ils ont discuté avec les musiciens et ils ont eu envie de revenir. C’est deux mondes qui ne se rencontraient pas avant de venir au Celtic. Une vraie récompense du travail opiniâtre que j’ai fait.
Et maintenant quels sont tes projets ?
Ce n’est pas le sujet.
Tarbes sans le Celtic Pub
Retour à la réalité d’une modeste ville moyenne pour le public qui a été choyé pendant 20 ans avec une programmation aussi éclectique et riche en pépites. Comme le concert d’Emily Jane White au lendemain d’une interview sur France Inter, Aquaserge depuis passé au Théâtre des Nouveautés dans la programmation du Parvis ou les multiples apparitions du râteau électrique d’Eugène Chadbourne qui a une bio Wikipedia longue comme le bras. Et beaucoup d’autres concerts, soirée poésie, théâtre et improbables spectacles sortis on ne sait comment de l’imagination de Belfi.