Vous serez au Parvis mercredi soir avec un album Bleu. Est-ce le bleu du ciel ou de la mer comme dans « Les jours heureux » ou est-ce le bleu du blues ou un bleu à l’âme ?
J’ai justement choisi Bleue au féminin parce justement c’est très éclectique. Il y a forcément le blues, même si cet album est moins blues que le précédent, même s’il est toujours présent dans l’écriture. Le bleu, c’est plein de choses : le bleu du débutant, le bleu à l’âme, le bleu sur la peau, les différents bleus du ciel et de l’eau. Il y aussi l’heure bleue juste avant que le jour se lève. Un mot très éclectique qui existe dans les titres de l’album. Je pense que tout ce qui est lié au bleu est très pratique pour un auteur, comme l’est l’eau avec ses métaphores.
Le bleu est assez mélancolique dans votre album.
La mélancolie a toujours existé dans mon écriture. C’est le genre de songwriting auquel je suis attachée. Mon éducation musicale est très liée aux auteurs de chanson nord-américains comme Springsteen, Dylan, Cohen, Joni Mitchell et Joan Baez. Une écriture, une narration plutôt mélancolique qui m’a toujours attiré et qui a toujours été présente dans mon écriture. Mais ce n’est pas du tout une forme de tristesse, plutôt une lumière et l’acceptation des différents états qu’on peut avoir dans la vie, dans toutes les relations qu’elles soient amicales, maternelles, paternelles, fraternelles ou amoureuses. C’est ça que j’aime raconter.
17 ans après La disparition, cet album est un retour aux textes en français. Une langue qui va bien au Bleu ?
Totalement. Je n’ai jamais arrêté d’écrire en français pour les autres. Mais c’est vrai que mes albums, mes chapitres personnels étaient en anglais car mon environnement sonore est plutôt anglo-saxon. Je parle anglais avec ma fille, je parle anglais à la maison, et c’est important que ceux qui partagent ma vie se retrouvent dans les nuances de mon travail. Mais depuis 4 ans, presque 5, je vis entièrement en France, ma fille est scolarisée en France et mon environnement sonore est totalement francophone. C’était donc naturel pour moi que ce chapitre de ma vie soit en français.
Est-ce que le public réagit différemment aux textes en français ?
Je ne sais pas. Peut-etre pour les titres qui sont plus passés en radio. Mais un concert est composé comme un album avec un début, un milieu et une fin. Je pioche dans tout mon répertoire, avec des chansons en français, des chansons en anglais. J'invite le public à suivre un itinéraire le temps d’une soirée. Plus que sur un titre ou une langue en particulier, j’espère que c’est l’ensemble qui arrive à toucher le public.
Comment abordez-vous la scène avec un album aussi intime et teinté d’une certaine pudeur ?
J’ai fait une première expérience au printemps dernier et que je vais refaire car j’ai tout mis en œuvre avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne avec énormément de musiciens classiques pour donner vie à cet album sur scène avec une dimension symphonique. Et pour cette tournée d’automne j’ai voulu donner toujours très organique des instruments que j’aime, piano, guitare, basse et batterie, mais avec un ton plus rock.
Le passage à la scène est une suite du travail en studio ?
En studio on enregistre les chansons quand on elle ont pris forme et qu’elles vont pouvoir délivrer d’une certaine manière. Sur scène il n’y a pas de fin aux possibilités. On donne une teinte au travail qui a été fait, une teinte à ce qui va venir. C’est le lien entre ce qui a déjà été écrit et le travail d’écriture.
Est-ce que votre rapport à la scène à changé depuis votre précédent concert au Parvis, il y a une dizaine d’année ?
Oui car avec le temps la vie nous apprend à la vivre. Nos projets, la scène c’est pareil. On s’attache à la relation qu’on tisse avec le public, à ces rencontres éphémères qu’on a sur scène. C’est important de vivre ça, d’emmener mes chansons sous d’autres formes, dans d’autres lieux.