Accompagnatrice sur sa carte de visite, alors que sa biographie est celle d’une concertiste repérée à 7 ans. Rencontre avec Alina Barrouillet, une pianiste au parcours contrarié.

Dans quelles formations jouez-vous ?

Je suis accompagnatrice professionnelle. J’accompagne beaucoup Frank Grimaud qui a créé trois spectacles qui mettent à l’honneur le chant lyrique et le piano, « Luis Mariano », les airs napolitains avec « Bel Canto » et « trompettes éclatantes » pour les enfants. Ce n’est pas que du piano, on joue, on chante et c’est vraiment un spectacle musical. Les gens adorent ces spectacles. Les enfants aussi comme au Collège de La Sède la semaine dernière. Je joue aussi plus ponctuellement d’autres artistes comme la chanteuse lyrique Sylvia Miranda. Ou comme Eliane Saint-Jean qui lit des textes de Gainsbourg que j’accompagne au piano. Je joue aussi avec des chorales qui ont besoin d’un pianiste, comme Mezza Voce l’année dernière. J’ai aussi travaillé trois ans à l’Ecole de Musique de Saint-Laurent de Neste. Et je donne des cours individuels.

Ce n’est pourtant pas là qu’on attend une jeune fille de 7 ans repérée pour son talent !

Non, c’est vrai. J’ai été sélectionnée quand j’avais 7 ans. On était 100 au début. D’année en année il y avait des sélections. On travaillait beaucoup avec tous les jours 4 ou 5 heures au piano. Une formation classique avec tous les grands compositeurs, Moussorgski, Rachmaninov, Debussy, Mozart, Beethoven. Onze ans plus tard, nous n’étions plus que 17. On était sur la voie royale pour aller à Moscou pour faire une carrière concertiste. Je pensais faire une carrière de concertiste sur une grande scène. Et le mur de Berlin est tombé, et le Kirghizistan a eu son indépendance. Les Russes nous ont dit que maintenant qu’on était indépendant, il n’y avait plus de place pour nous à Moscou. On a été balayé. Certains ont quitté la musique pour le business, moi j’ai enseigné dans des petites écoles. ET quand j’ai compris que je pouvais sortir, j’ai cherché du travail ailleurs. C’est comme ça que je me suis retrouvé au piano dans le lounge d’un grand hôtel du moyen orient. C’est là que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. C’est comme ça que je suis arrivée à Pouzac.

Est-ce que vous voudriez être enfin concertiste ?

Non. Être concertiste, c’est beaucoup de travail. C’est aussi faire passer sa carrière devant tout le reste. Et je n’ai pas envie de sacrifier ma vie de famille pour devenir concertiste.

C’est un rendez-vous manqué avec Liszt, Rachmaninov et Chopin ?

Non, je retrouve le piano solo au gré des projets. Comme il y a trois ans avec le spectacle de Katerina Barsukova à la Halle aux grains de Bagnères ou ce qu’elle elle dessine avec du sable est projeté sur grand écran pendant que je jouais au piano solo les « Tableaux d'une exposition » de Moussorgski. J’aime bien retrouver les grands compositeurs. C’est ce que je fais avec Frank Grimaud quand on parcoure les airs connus. Il chante un morceau que j’accompagne, et je joue un morceau au piano solo comme Liebesträume de Liszt, le Boléro de Ravel et du Mozart. Les gens aiment écouter ces airs connus.

Ou peut-on vous écouter jouer ?

On sera avec Frank Grimaud le 27 juin à Saint-Gaudens avec le spectacle sur Luis Mariano. A la rentrée il y aura probablement « Trompettes éclatantes » à Toulouse. En octobre ce sera au Carmel avec Sylvia Miranda et Anne Burgaud qui font un duo alto et soprano.

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