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Diego Arrabal

Diego Arrabal, de la recherche scientifique au polar

Après une carrière de chercheur, Diego Arrabal est devenu auteur de polars et de thrillers comme « Illusion », un huitième roman sorti en octobre dernier. Rencontre chez l’éditeur Arcane 17.

Diego Arrabal avec <q>Illusion</q>son dernier livre en main/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Diego Arrabal avec Illusionson dernier livre en main/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Comment êtes-vous arrivé au polar ?

J’étais chercheur, et c’est assez évident de faire du polar car ça ressemble beaucoup à ce qu’on fait en recherche. C’est-à-dire qu’à un moment donné on constate quelque chose, un crime comme on constate un effet dans la société ou un effet au niveau du travail. On se demande ce qui a bien pu produire ça. On émet des hypothèses et puis on construit une structure d’enquête pour aboutir à un résultat qui valide ou non l’hypothèse. Si c’est le cas on a trouvé, sinon l’hypothèse n’est pas validée et on recommence. Il y a énormément de similitudes entre la recherche et le travail du policier qui est confronté à un meurtre et qui passe en revue les personnages qui avaient l’opportunité et qui avaient un mobile. On construit des hypothèses et on va les tester les unes après les autres. Ça va marcher, il a un coupable, ça ne va pas marcher et il faut qu’il travaille sur une autre piste.

Comment avez-vous enchainé ensuite vos 5 polars ?

J'ai démarré avec le roman d'enquête proprement dit. Les personnages que j'ai mis en scène, c'est des policiers de l'hôtel de police de Nancy car je vivais là-bas, avec le commissaire Ney qui est le patron de la brigade criminelle et trois groupes d'enquêteurs qui travaillent avec lui. D'un roman à l'autre le patron travaille avec un groupe différent. J’aime montrer que c'est pas le travail d'un seul homme ou d'une seule femme qui tout d’un coup une l'idée de génie. Mais que c'est un travail de fourmi, un travail qui est souvent pénible où on est a plusieurs pour gratter. Et que c'est du groupe qu’émerge à un moment donné une ou des solutions.

Et les thrillers ?

Au début ce n'était pas du tout le type de bouquin que j'imaginais écrire. Et puis, il y a très longtemps comme beaucoup d'adolescents ou de post adolescents, je m'étais essayé à écrire et j'avais commencé une histoire d'un tueur à gage. Mais c’était mauvais, j’avais laissé tomber et tout est parti à la poubelle. Puis il y 6 ou 7 ans j’ai eu envie de reprendre ce personnage et de raconter sa vie. Raconter la vie d’un tueur à gage, ça a été fait mille fois, alors j’ai imaginé autre chose. Un nouveau logiciel qui permet de faire le lien entre des meurtres non résolus étalés sur plus de 15 ans, un enquêteur qui va essayer le pousser le tueur à la faute, un ministre de l’Intérieur qui a veux absolument des résultats. Et j’ai écrit « N’y voyez rien de personnel ».

Est-ce que les codes de la littérature de genre laissent la place à la créativité ?

Elle est codée dans la forme, mais elle est totalement libre dans le fond. Tu peux faire du polar totalement déconnecté du réel comme tu peux faire un polar d'enquête qui est totalement immergé dans des réalités sociales. Et donc de décrire des milieux, des problématiques qui seraient des problématiques d’un sociologue, d'un psychologue ou d'un historien. Mais de les construire et de les faire découvrir à un lecteur qui lui n'est ni sociologue, ni historien, ni quoi que ce soit et qui va découvrir des choses qu’il ignorait plus ou moins. Il va pouvoir mettre des mots sur quelque chose alors qu’il n'aurait pas été cherché de lui-même dans la littérature sociale ou scientifique.

Illusions est sorti il y 9 mois. Vous travaillez sur un nouveau roman ?

Je suis sur un projet qui va prendre du temps. Je vais mettre en scène des personnages à Bagnères dans une période bien particulière qui est la fin du 19e siècle. Je vais donc devoir faire des recherches historiques mais aussi sur le local, sur ce qu’était Bagnères à cette époque, sur sa situation sociologique. Jusqu’ici mes romans se déroulaient à une époque contemporaine, ca allait relativement vite. Mais la, ça va me demander beaucoup de temps, ça ne sera pas avant 2027.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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