Nous avons interrogé Gaël Coste-Meunier (Droits du parent et de l’enfant) qui candidate aux élections européennes en France sur son projet de politique culturelle.
Questions aux candidats aux élections européennes en France
Nous avons contacté les candidats aux élection européennes pour les interroger sur leur vision d'une politique culturelle européenne
- Doit-on aller vers davantage de politique culturelle Européenne commune ? Doit-on parler d'exception culturelle française au sein de l'Europe ?
- Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?
- Est-ce que vous soutenez le programme « Europe créative » (2021-2027)
- Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?
- Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser l'accès à la culture des citoyens européens ?
- Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?
- Est-ce que l'action culturelle de l'UE est assez visible par les citoyens européens ?
Réponse de Gaël Coste-Meunier (Droits du parent et de l’enfant)
Interview le 29 mai 2024 de Gaël Coste-Meunier
Avant de commencer, je veux dire que notre liste s'attache à la protection de l'enfance, à la convention internationale des droits de l'enfant. De ce fait les opinions sur d'autres sujets sont des opinions plutôt personnelles qui sont exprimés par chaque candidat puisqu'on a une liste qui est transpartisane avec des personnes de gauche, du centre et de droite. Après je pense qu'effectivement il y a des thèmes qui pourraient être abordés.
Doit-on aller vers davantage de politique culturelle Européenne commune ? Doit-on parler d'exception culturelle française au sein de l'Europe ?
Je pense qu'il peut y avoir des choses qui soient en commun. On fait de la prévention sur par exemple la sécurité routière. Au niveau européen il y a des coopérations qui existent et des échanges. On va voir comment chaque pays faire. Je pense qu'il pourrait dans le domaine de la culture et avoir des coopérations entre les États pour faire de la prévention sur des fléaux qui touchent les enfants. Et de ce point de vue-là peut-être que l'axe de la culture qui est aussi une manière de parler des choses, de parler de ce qui arrive aux gens et spécifiquement aux enfants. La culture pourrait être l'objet effectivement de rapprochement sur certains points. Par exemple, en France on a le CNC, certains états ont un équivalent, d’autres n’en n’ont pas. Est-ce que ce ne serait pas intéressant d’avoir ce type de structure partout en Europe pour que chaque pays puisse avoir sa propre production. Et un message sur la protection des enfants. Ce n’est pas dans notre programme, mais c’est une piste à explorer, une réflexion à avoir.
Est-ce que l'action culturelle de l'UE est assez visible par les citoyens européens selon vous ?
Je pense que si la question était posée dans la rue, beaucoup de citoyens de demanderaient ce qu’il y a eu. On connaît beaucoup plus dans chaque pays, les mécanismes qui existent localement pour aider la culture. Mais là on reste dans le l'aide et dans la culture gérée par le ministère de la Culture français.
Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?
Personnellement je ne connais pas trop les implications du Parlement sortant sur l'aspect culturel.
Est-ce que vous soutenez le programme « Europe créative » (2021-2027)
Je n’ai pas connaissance de ce programme.
Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?
La culture peut être une fenêtre sur le monde pour les enfants. De ce fait l'Union européenne a tout intérêt à ce qu'il y a une diversité culturelle. Par exemple en France, on a le CNC qui nous permet d’avoir un cinéma national. Si chaque pays de l’Union Européenne pouvait avoir l’équivalent d’un CNC, qui pourrait être imposé par une directive, il y aurait une production spécifique qui correspondrait à sa culture, à son histoire. Au niveau européen, on aurait une production cinématographique qui serait variée, et qui ne serait pas juste des grosses productions mais aussi un cinéma d'auteur. Un cinéma peut-être à moindre budget avec une créativité aidée par le public qui diversifierait la production européenne. Et permettrait d'avoir différents regards sur nos sociétés et sur comment on fait Europe ensemble. Je pense que de ce point de vue-là, c'est une action qui ne peut être que bénéfique pour des enfants qui ont eu des situations anormales. Des enfants qui pourraient voir dans certains de ces films des thèmes qui les touchent. Et comme une directive pourrait imposer un CNC national, l’UE pourrait fixer un minimum d’aide à la culture. Avoir en même temps que des lieux de création privée, une aide pour des lieux de création publique parce que les deux se répondent, s'enrichissent l'un et l'autre.
Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser l'accès à la culture des citoyens européens ?
On voit que l’accès à la culture est très lié au contexte socio-économique des enfants et une famille. Et malheureusement on sait combien les enfants sont touchés plein fouet par la pauvreté, par le pourcentage de personnes sous le seuil de pauvreté, par des situations en plus anormales comme on les évoque dans notre liste avec les placements abusifs, avec un taux de résidence alternée très faible. Ce qui fait qu'il y a beaucoup de parents solos qui sont en station financière difficile avec aussi des situations d'emprise et d'aliénation parentale. Tous ces enfants-là pour des raisons à la fois économiques, pour des situations d'enfermement physique ou psychique, sont empêchés d'accéder à la culture. Il faut une politique sociale qui permettent d'avoir moins de pauvreté, moins d'inégalités. Je pense aussi à une école qui serait financée correctement. Ça permettrait de donner un accès plus grand pour les enfants à la culture, au théâtre, au cinéma, à la peinture, aux musées. Il y a beaucoup de choses à faire qui qui pourraient être envisagées une culture qui soit financée par le privé, une culture gérée par des associations et puis une culture qui soit gérée par des services publics. Une diversité de structure et d'organisations qui amènera une diversité culturelle.
L’accès à la culture des enfants est une ouverture. Nous combattons tous les fléaux qui touchent les enfants, que ce soit tous les fléaux à caractère sexuel, physique ou psychologique. Je pense particulièrement aux situations d'emprise psychologique toxique qui existe dans tous ces fléaux. Ouvrir l'enfant sur l'extérieur et surtout sur un accès à l'extérieur qui pourrait justement être amené à aborder ces fléaux. C’est une ouverture sur la possibilité de comprendre ce qui leur arrive. Je pense aussi que la culture générale, les gens qui vont au cinéma, qui ont au théâtre, qui vont avoir des expositions, des oeuvres dans les musées, etc. Tout ça questionne le présent, questionne ce que c'est d'être. Et quand on veut une situation qui est anormale, ça peut aider réellement les enfants. Les ouvrir sur un monde extérieur dans lequel ils pourraient voir une lueur, quelque chose qui pourrait leur faire comprendre que ce qu’ils vivent n’est pas normal. Il faut que les enfants puissent librement voir la culture et j'ai envie de citer l'ouvrage de Jacques Biolley enfant libre ou enfant otage
. Nous, on défend l'enfant libre.
Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?
On se pose la question sur la culture comme on pourrait le faire pour d’autres domaines comme l'Europe sociale ou l'Europe écologique. L’Europe est fondée sur le marché effectivement, sur le marché et sur une opinion sur le marché. Je crois que beaucoup de citoyens européens le regrettent et critiquent aujourd'hui l'Union européenne dans ce qu'elle est devenue. Même s’ils reconnaissent aussi les grandes qualités de l'Union européenne avec tout ce qu'elle a réalisé. C'est un bilan qui est assez mitigé pour beaucoup de personnes. On le voit aussi pour l'aide aux enfants et le soutien des enfants. On a malheureusement une Union européenne qui est assez absente sur ce thème et des situations dans certains pays, je pense particulièrement à la France ou on a 90 000 enfants placés abusivement. Mais la protection de l'enfance passe sous les radars avec des comportements qui posent questions. De la même manière la culture passe aussi un peu sous les radars d'une politique économique qui gère finalement un marché. C’est une question que l’Europe devra se poser pour rester populaire.
Propos de Gaël Coste-Meunier recueillis par Stéphane Boularand
Réponse publiée le mercredi 29 mai 2024