Alors que la grande cheminée menace chaque jour un peu plus de s’effondrer, la superbe façade colorée de la Tuilerie Oustau brille de tout son éclat à l’Office de Tourisme de Tarbes. Une exposition de photos, de plans, d’affiches anciennes, de pièces de terre cuite et de panneaux pédagogiques présentés au public jusqu’au 29 mai qui racontent près d’une centaine d’année – de 1873 à 1970 - de production de briques et de tuile qui se révèlent aussi décoratifs que constructifs. Une invitation à en savoir un peu plus sur ce monument de notre patrimoine industriel et à son rayonnement sur l’architecture tarbaise comme le montre la balade architecturale dans les rues de Tarbes conçue par le Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement des Hautes-Pyrénées. Son directeur Vincent Dedieu a répondu à nos questions.
Que voulez-vous montrer aux tarbais avec cette exposition ?
Déjà parler de la terre, de ce matériau disponible sur tous les territoires qui revient sur le devant de la scène avec les préoccupations environnementales et le développement durable. Et mettre en avant la Tuilerie Oustau, ce patrimoine urbain qui fait partie du décor et expliquer au public ce qu’il nous raconte.
Est-ce que l’architecture industrielle touche le grand public ?
Notre approche est pédagogique, une de nos missions est de sensibiliser le public face à son environnement et le patrimoine qui l’entoure. Le patrimoine industriel n’est pas forcément reconnu. Autant on apprécie les châteaux, les cathédrales, les bâtiments historiques, autant le patrimoine industriel qui est pourtant tout un pan de l’histoire d’un territoire est davantage laissé de coté et reste méconnu du grand public. Comme la Tuilerie Oustau. On met en lumière cette architecture, ce patrimoine, et montre toute la sensibilité, la finesse et la richesse du site de production à l’intérieur des maisons tarbaises avec les faïences et les briques émaillées.
Un patrimoine de plus en plus en danger comme le montre la grande cheminée qui penche de plus en plus
Oui le bâtiment est un peu en déshérence même si beaucoup de personnes travaillent pour mettre en place un projet de reconversion qui permettrait de sauvegarder tout ou partie de ce bâtiment industriel qui est aujourd’hui en friche. A commencer par son propriétaire, Monsieur Demuyser (l’arrière-petit-fils de Laurence Oustau) qui y travaille quotidiennement. Il y a un caractère d’urgence pour éviter que ce patrimoine qui appartient à tous ne disparaisse rapidement.
Comment aimeriez-vous travailler sur une exposition comme celle-là dans 20 ans ?
Si je devais remonter une exposition dans 20 ans, déjà il y aurait tout ce qui est la aujourd’hui pour montrer ce qu’a été le patrimoine Oustau. Et je voudrais que cette exposition soit complétée par des documents qui montreraient le travail de fond qui a été mené pour faire une belle reconversion. Un bâtiment, même patrimonial, n’est pas figé dans le temps. Montrer qu’une fois passé la phase de la connaissance et de la compréhension du site, on puisse évoquer un bâtiment du patrimoine qui a été sauvegardé dans le sens ou on lui a redonné une activité et qu’il continue à vivre et continue à avoir un usage aujourd’hui, dans 20 ans.