Le chemin a été long avant l’arriver au desman des Pyrénées. On dit que les chats ont sept vies. Xavier Saüt a probablement un peu de félin en lui pour rendre possible un sinueux parcours qui va le mener d’une agence de pub parisienne au premier resto burger de Tarbes. Pour finalement se consacrer à la bande dessinée ou il séduit ses lecteurs avec le desman, certainement l’un des animaux les plus laids de toute la faune pyrénéenne. Un parcours étonnant pour un homme qui ne l’est pas moins. il nous a accueilli dans son atelier tarbais pour parler de son parcours et de son travail.
Comment un dessinateur de pub plaque tout pour dessiner des desmans ?
Au debut on fonce tête baissée parce qu’on a la chance de travailler dans ces grandes boites. Intermarco, Ted Bates, RSCG. C’est merveilleux et petit à petit on se rend compte que c’est pourri. La drogue, les campagnes qui n’ont pas de sens et quelquefois pour vendre n’importe quoi. Pour échapper à tout ça je suis allé dans une filiale de RSCG à Montpellier, les clients arrivaient avec une super idée qui nous était imposée. On arrivait à des choses minables. A un moment j’ai eu honte et j’ai quitté tout ça.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la BD ?
En fait, ce n’est pas avec la BD que je suis revenu à Tarbes. J’avais vu à Montpellier l’arrivée des hamburgers en France. J’ai laissé la pub, le dessin et j’ai fait des stages à la Chambre de Commerce pour monter mon entreprise. Avec ma femme, on a ouvert le Mac Flo dans la rue de l’Abbé Torné, premier fast-food de tout Midi-Pyrénées. Ca marchait du feu de Dieu ! Beaucoup de gens me connaissent à Tarbes pour avoir monté le Mac Flo et découvrent que j’ai fait de la bande dessinée depuis. On a fait des hamburgers pendant 15 ans, on a monté un autre restaurant rue Massey. On a bien gagné notre vie, mais c’était toujours la même chose et on a décroché.
C’est la qu’arrive la BD ?
Oui. J’avais le projet de faire une BD. Le Musée Larrey à Beaudéan m’a passé une commande sur ce médecin de l’armée de Napoléon. Mon père a fait le scénario et j’ai fait les dessins. Ca a très bien marché. Mais je ne m’y reconnaissais pas complètement. Mon éditeur voulait un dessin naïf pour une BD qu’il destinait aux enfants alors que c’est une histoire avec des amputations à tour de bras. Le style n’allait pas, les couleurs étaient moches. J’ai continué avec une BD sur le Pic du Midi de Bigorre que m’a commandé le conseil général, Des chevaux et des hommes sur le Haras de Tarbes et Le chevalier sans nom sur le château de Mauvezin et l’Abbaye de l’Escaladieu. Mais c’était toujours ce que voulait mon éditeur. A un moment, j’ai dit ca suffit maintenant, je vais faire ce que j’ai envie. Ca a donné Marmota Marmota quand je me suis mis à mon compte et que j’ai travaillé avec le Parc National et le Conseil Général pour faire un livre pour les enfants avec un cahier pédagogique à la fin. C’est la que j’ai vraiment commencé à me faire plaisir ! J’aime dessiner pour les enfants, j’aime leur parler de ces livres quand je vais dans les écoles.
Pourquoi travailler seul en étant à la fois scénariste, dessinateur et coloriste ?
Pour être complètement libre et assumer seul mes choix Si ca ne marche pas, je n’ai pas de compte à rendre. Et j’arrive vraiment à faire la BD que je veux comme un artisan, comme un fromager qui tout du début jusqu’à la fin de la traite à l’affinage.
Quels sont vos projets ?
Je viens de sortir un livre qui mêle des photos d’espèces menacée dans le monde que mon fils a faites et mes dessins. Ca ouvre de nouveaux horizons. Après je pense à prendre à ralentir ma production et prendre ma retraite. Peut-etre sortir des livres moins souvent.