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Victoria Klotz

Victoria Klotz, l’art à la rencontre de la faune sauvage

Rencontre avec une artiste qui s’intéresse à la rencontre impromptue entre le spectateur et un animal sauvage

Victoria Klotz/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Victoria Klotz/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

C’est une artiste qu’on trop rarement exposée en Hautes-Pyrénées. C’est pourtant dans notre département que Victoria Klotz crée les œuvres qu’on retrouve de Toulouse à Beauvais, de Millau à Chaumont-sur-Loire. Un raton-laveur qui fait le guet du haut d’une chaise, un zèbre juché en haut d’un mat, un rhinocéros ou une antilope au regard interrogatif. Rencontre avec cette artiste qui nous propose un face à face organisé ou inopiné avec une nature qui échappe à la domestication.

Qu’avez-vous envie de montrer quand le spectateur se retrouve face à face avec un sujet animal ?

J’ai envie de placer le spectateur à cet endroit qui lui permet de toucher quelque chose qui relève de l’altérité et qui en même temps fait partie de son identité, une identité qui lui échappe et qu’il ne comprend pas bien. Ca permet de nous interroger sur l’animalité qui est quelque chose qui nous est étranger et qui portant nous appartient car nous sommes aussi des animaux. Une animalité qui nous échappe avec la philosophie occidentale s’est construite sur une séparation de l’homme et de la nature.

Votre démarche artistique est sur cette veine. Est-ce que c’est un sujet inépuisable de création ?

Je pense qu’un artiste ne parle jamais que d’une seule chose dans sa vie. On aborde son sujet sous différents angles, on en parle différemment, on utilise différentes techniques, différents regards. Mais on ne parle jamais que d’une chose. Et moi la chose la plus intense est la joie que je ressens dans la rencontre avec un animal sauvage. Une joie très pure que j’exprime au travers de mes œuvres.

Est-ce que la proximité de la nature en Hautes-Pyrénées nourrit votre démarche ?

Oui, on vit dans un environnement avec une nature grandiose et avec une diversité importante. On a tout à disposition quand on habite dans un territoire plein de richesse comme les Hautes-Pyrénées.t bizarrement le fait que ce soit si riche rend la nature spectaculaire et renforce ce travers contemporain d’etre spectateur de la nature. Une posture qui nous met face à la nature et qui nous sépare de la nature. Je pense qu’on devrait être dans la nature pas non devant la nature.

Est-ce que l’art issu de cette rencontre de l’homme et de la nature sauvage est un art militant ?

Pas dans la forme. Mon travail n’en n’a pas les codes, on peut passer devant mon travail sans en percevoir de sens politique. Mais tout est politique, les choix qu’on fait sont politiques comme celui que je fait de parler de notre position à l’intérieur de la nature.

Ou peut-on voir vos œuvres ?

En œuvre pérenne, il y a le jardin du centre village de Arras-en-Lavedan. J’ai conçu et planté ce jardin avec au centre un tumulus avec un rocher en déséquilibre poussé par une petite marmotte. Il a aussi une commande publique de l’Université de Pau avec les lignes de crête de montagnes comme les graphiques de données économiques de la formation devant laquelle l’œuvre est placée. Après il faut aller plus loin, un peu partout en France.

Quelle est la prochaine œuvre livrée ?

C’est un cabinet de curiosité sur le patrimoine naturel pour le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie, dans la réserve naturelle du Gardon. Ca sera inauguré au mois de mars.

Pourquoi choisissez vous de travailler le plus souvent pour des commandes publiques ou des oeuvre dans l’espace public ?

Oui, je m’intéresse à ce qui est dans l’espace public. C’est aussi politique. Ça m’arrive d’exposer dans des galeries et des centres d’art, mais je préfère l’espace public, qu’il soit urbain ou dans des zones naturelles. Parce que le défi est plus grand car il faut se mesurer à un paysage, à un contexte, à des intempéries aussi. Et a un public comme il est car l’espace public est accessible à tous. La culture ne doit pas rester uniquement dans les musées. Dans l’espace public la rencontre peu relever d’un surgissement. Elle peu aussi ne pas avoir lieu. C’est le propre de l’espace public.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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