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Philippe Lhez (Bagnères-de-Bigorre)

Philippe Lhez, les Pyrénées au bout du pinceau

Avec les Pyrénées comme Cathédrale de Rouen, Philippe Lhez offre au fil des aquarelles une tendre variation autour de la puissance, de la fragilité et de la fugacité des images saisies.

Philippe Lhez dans son atelier-galerie de la Rue Victor Hugo à Bagnères-de-Bigorre/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Philippe Lhez dans son atelier-galerie de la Rue Victor Hugo à Bagnères-de-Bigorre/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Des fiers sommets pyrénéens inondé par le soleil, des cascades gagnées par la brume, des vallées du piedmont qui sortent de la pénombre. Autant d’images saisies sur le vif par l’oeil de Philippe Lhez et fixées délicatement par son pinceau sur l’aquarelle. En laissant l’eau, de la texture du papier et des pigments prendre part a la création. Il suffit de promener le regard d’aquarelle en aquarelle dans son atelier-galerie de la rue Victor Hugo au centre de Bagnères-de-Bigorre pour comprendre pourquoi des grandes maisons d’édition comme Gallimard font appel à lui pour illustrer des ouvrages. Entretien avec Philippe Lhez.

Est-ce que le massif pyrénéen est un sujet inépuisable ?

Ah oui ! Mais je pense que les sujets en peinture sont inépuisables. Mille individus traiteront le même sujet, très différemment, distinctement les uns des autres. Le même individu traitera le même sujet différemment d’une heure à l’autre, d’une journée à l’autre. Non seulement eu égard aux modifications de la lumière, de la saison. Mais également de sa disposition intime, appelons-la psychologie si on veut. Je pense que en réalité le sujet est partout. Tout sujet est inépuisable, on a toujours quelque chose à lui faire dire.

Que nous raconte ces Pyrénées dénués d’hommes ?

On pourrait y voir une facilité tant il reste vrai qu’insérer des personnages dans un lieu amène une difficulté supplémentaire. Mais je ne crois pas que ce soit vraiment ça qui m’est fait fuir le personnage. Il y en a eu. Il n’y en a pas toujours. Il y en a rarement c’est vrai. Mais au fond c’est ce qui disparaît le plus vite dans le paysage. Il en subsiste la trace. Très souvent ces paysages on été le fruit d’un travail. Un travail de l’homme souvent. De plus je peins souvent la montagne moyenne. On a souvent de l’habitat ou des reliquats d’activités pastorales et on voit bien que l’homme a été là, même s’il n’est pas directement présent sur l’image.

Pourquoi choisir de l’aquarelle qui n’est pas la technique est plus facile ?

Ca n’a rien à voir avec la difficulté ou la facilité. C’est une passion irrépressible depuis l’enfance. Je ne peux pas vous dire pourquoi je suis sensible à cette couleur, aussi lumineuse, aussi fraîches, de l’aquarelle. Elle me fascine aujourd’hui tout autant qu’hier. Ce qui me plait terriblement dans l’aquarelle, c’est sa délicatesse, sa simplicité et surtout sa luminosité. Il faut comprendre que l’aquarelle est une technique transparente et que ce que l’on voit sous la couleur, c’est le blanc du papier qui éclaire la couleur par en-dessous et ça je trouve ça extrêmement charmant.

Mais c’est aussi un équilibre entre l’eau, le papier et le pigment qui est difficile à maîtriser et qui comporte aussi une part d’aléa

Ce qui m’intéresse, c’est justement la problématique de l’hydraulique dans l’aquarelle. On a besoin de stratégies pour envisager l’oeuvre à venir. On sait qu’on pourrait commencer par ce jus-là, ce lavis que l’on pourrait intégrer à tel autre. On essaye une stratégie, on en envisager d’autres. J’ai souvent deux trois fois le même sujet qui ne m’a pas forcément posé une difficulté mais posé une question enthousiasmante sur la technique même de l’aquarelle. C’est une technique qui demande de l’esprit. Je disais à mes élèves qu’une belle aquarelle c’est comme ce que les grimpeurs disent d’une belle voie : c’est quand il y a une harmonie dans les gestes qui s’enchaînent et quand le déplacement est harmonieux. Et comme vous dites il y a les aléas, on n’est pas tout à fait maître. Avec le temps la maîtrise s’affirme, mais la sagesse commande à laisser à l’eau un peu de son autonomie. Et souvent elle fait des choses que la main n’aurait pas su faire.

Ou voir les aquarelles de Philippe Lhez ?

On peut les admirer dans les nombreuses publications qu’il illustre. Des agenda Pyrénées aux éditions du Cairn aux beaux livres des éditions Privat. Mais le mieux est d’aller voir les aquarelle et l’artiste dans sa galerie de la rue Victor Hugo au centre de Bagnères-de-Bigorre. « Il faut avoir des lieux pour montrer son travail. Et comme j’ai toujours souhaité être autonome, j’ai acheté ce lieu en 2005 pour ne plus être tributaire de personne. Ni des galeristes qui ne s’intéressent pas à ce travail, ni des salles municipales et des salons locaux qui ne m’intéressent pas »

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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