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Catherine Roche-Brunschwig - L'Endroit (Bagnères-de-Bigorre)

Catherine Roche-Brunschwig, la mosaïque a fini par s’imposer

Rencontre avec Catherine Roche-Brunschwig au moment où L’endroit à Bagnères a entamé une mue très progressive de boutique de décoration à atelier d’artiste mosaïste.

Catherine Roche-Brunschwig dans son atelier-boutique de Bagnères-de-Bigorre

Catherine Roche-Brunschwig dans son atelier-boutique de Bagnères-de-Bigorre

Comment êtes-vous venue à la mosaïque ?

J’ai fait un voyage à Barcelone il y a 20 ans. Et je suis tombée amoureuse de la mosaïque de Gaudi. Et je me suis mise à faire de la mosaïque, chez moi, pour des amis, des décors de salle de bain. Je suis totalement autodidacte, j’ai fait quelques stages mais pas beaucoup. Comme à l’époque mes enfants étaient petits, je ne me voyais pas partir sans arrêt pour exposer. Et puis je ne me sentais pas crédible. Alors j’ai commencé à faire autre chose. J’ai travaillé pour une marque de peinture, j’ai fait des relookings de meubles et d’objets. Et j’ai commencé à faire de la décoration d’intérieur. Après je me suis associé et on a faire encore plus de déco, avec des gros chantiers. Un restaurant entier à Bagnères, des boutiques un peu partout. Et puis on a ouvert une boutique de déco et on animait beaucoup d’ateliers.

Des décorations dans lesquelles il y avait de la mosaïque ?

J’ai essayé de m’incruster avec ma mosaïque. Dans le restaurant Le jardin de Brouches, il y a des piliers en mosaïque de verre. Mais n’avais plus vraiment de temps pour faire de la mosaïque. Et puis je me suis rendu compte assez vite qu’en étant à Bagnères, ca allait etre difficile de gagner sa vie avec la mosaïque. Et puis la mosaïque n’avait pas de place dans ce que je faisais. Pour vous dire, j’avais mis des choses que j’avais créé avant dans les toilettes.

Alors comment la mosaïque est revenue ?

J’avais toujours la mosaïque quelque part dans la tête. J’ai fait une formation en ligne il y a deux ans et demi qui m’a amené à comprendre et à faire des choses que je n’avais jamais faites. Ca m’a permis de m’ouvrir grand les yeux sur l’univers de la mosaïque contemporaine que je ne connaissais pas du tout en fait. Je me contentais de faire des petites choses basiques. Alors qu’avec la mosaïque contemporaine on peut tout dire, on peut tout faire. Et donc depuis 2 ans je continue à apprendre des choses, je fais des stages avec des gens connus dans le monde de la mosaïque. Comme la semaine prochaine avec Mélanie Lanoë qui a été lauréate du meilleurs Ouvriers de France en mosaïque d’art.

Qu’est ce qui vous a amené à enfin donner un espace pour la mosaïque ?

Dernièrement quelqu’un est entré ici. C’était en novembre, il pleuvait. Il s’est arrêté devant un mannequin que j’avais fait il y a 10 ans et il m’a dit qu’il adorait ce que je faisais. Je lui ai montré un autre mannequin que j’avais mis dans une chambre et il m’a dit qu’il le prenait tout de suite. Ca m’a fait un bien fou, ça m’a redonné confiance après toutes ces années ou j’avais mis la mosaïque de côté. Maintenant je veux vraiment revenir à la mosaïque. Je veux créer.

Qu’est-ce qui a permis à la mosaïque de survivre à cette longue traversée du désert ?

Peut-être parce que je m’appelle Roche et que je casse des cailloux pour faire de la mosaïque ! J’adore les pierres, j’en ramasse tout le temps que ce soit à la plage ou à la montagne. La nature m’inspire beaucoup. Les couleurs, la nature et les couleurs dans la nature. Des pierres et des coquillages que j’utilise beaucoup dans mes créations. Je suis attirée par toutes ces matières. Par les associations qu’on peut faire comme des matériaux bruts avec des bijoux ou avec des matériaux recyclés. Les combinaisons sont infinies

Comme la variété de vos créations !

C’est un peu ma difficulté. J’ai du mal à me canaliser, à m’identifier comme ayant un style à moi. J’ai envie de tout essayer. J’ai adoré le mannequin que j’ai fait il y a 10 ans, mais je ne l’aime plus car il ne représente plus ce que j’ai envie de faire maintenant.

C’est aussi un cheminement entre l’artisan et l’artiste !

C’est exactement ça. Je ne me suis jamais octroyé le droit d’avoir un coté artistique. J’ai toujours travaillé comme un artisan pour gagner ma vie et je n’ose pas me lancer pour me définir autrement.

C’est maintenant que vous voulez vous déclarer artiste ?

Oui. Parce que j’ai 63 ans, j’ai l’âge d’être à la retraire et surtout de me faire plaisir. Et puis je n’ai plus le temps. Si je ne fais pas maintenant, je le ferais quand ? Ca fait plus de 20 ans que j’ai eu le coup de cœur pour la mosaïque. Je ne vais pas attendre encore 20 ans pour oser ! C’est mon objectif pour cette année : faire pas mal de créations et oser exposer ailleurs, là ou on ne me connait pas.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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