Dans la salle des fêtes de Lannemezan jeudi soir, on avait l’impression un peu étrange et géographiquement hérétique d’être à mi-chemin entre Pau et Hanoi. Avec « le cercle de sable », le Théâtre Monte Charge nous propose d’embarquer en direction de l’extrême orient. L’histoire est à la fois simple et subtile : un prince renonce au pouvoir pour ne pas commencer son règne sur un mensonge en cachant derrière un masque sont visage repoussant. Il devra reconquérir son trône pour en chasser les tyrans qui s’y sont installés. Est-ce un ancestral conte chinois qui a été transmis oralement de génération en génération ? Est-ce une pièce de jeunesse de Shakespeare ? Non et non. C’est du Destandeau - Alain de son prénom - co-fondateur, metteur en scène et comédien du Théâtre Monte Charge de Pau. Jusque la, on reste dans le classique… La suite l’est moins !
Ils ont décidé de créer cette pièce avec des comédiens de Théâtre National Tuong de Hanoi au Vietnam. Précisons tout de suite : ces comédiens ne parlent quasiment pas un mot de français ! On a donc sur scène Alain Destandeau, Bétina Schneeberger et Richard Cayre qui jouent en français, alors que Huyen Nguyen Thi Loc, Van Le Hai et Khoan Nguyen Gia jouent leur texte en vietnamien. Les sonorités s’alternent, se répondent, se mélangent, soutenus par les percussions et les notes glissantes du monocorde qui accompagnent sur scène les comédiens. La mise en scène, la gestuelle très sophistiquée et les couleurs contribuent à créer une ambiance qui séduit le spectateur. Et puis il y a les somptueux costumes de Minh Hanh, créatrice de haute couture reconnue. Ils n’avaient rien à envier à ceux de Christian Lacroix et de Jean-Paul Gaultier à coté desquels ils étaient exposés au Centre National du Costume de Scène de Moulins. On en prend plein des yeux !
Le spectateur se laisse emporter par cette univers tout a fait asiatique. Bétina Schneeberger a pu observer que « les spectateurs vietnamiens ont la même réaction : ils trouvent la pièce très occidentale ». On est donc bien a mi chemin entre ces deux cultures. De la cité impériale de Hué où la pièce a été créée à sa 95è représentation à Lannemezan, en passant par l’Opéra d’Hanoi ou Avignon, la pièce arrive a maturité. Ce beau et bon moment de théâtre met l’accent sur ce qu’il a de plus universel.