La lecture publique des textes de Beckett est un exercice difficile. On se souvient de Sami Frey prenant le « Cap au Pire » sur la scène du théâtre des Nouveautés l’année dernière. Avec des textes qui vont quelquefois aux limites de dicible, la mise en voix relève de la gageure ! Un pari relevé par André Geyré mardi soir dans l’un des derniers spectacles de la 25ème quinzaine littéraire.
Dans un petit espace de la médiathèque de Lourdes, une chaise, un chapeau, un texte et une photo de Beckett. Un espace blanc, a peine souligné par le noir du chapeau et des mots. L’essentiel est déjà la. Après une mise en bouche de Christian Bobin, « Beckett s’appelle » lue par Blanche Botta, c’est André Geyré qui s’attaque à quatre extraits de romans de Beckett. Très simplement, cahier noir en main, il dit les mots rebelles de Beckett. Il passe des impossibles combinaisons de cailloux de « Molloy » à l’inutilité de raconter des histoires de « L’innommable » via « Compagnie » et « Mercier et Camier ». Avec beaucoup de simplicité, de sincérité et manifestement de plaisir aussi, André Geyré met en action le texte de Beckett. « Inutile de se raconter des histoires pour passer le temps, les histoires ne font pas passer le temps, rien ne le fait passer, c’est comme ça…». Et pourtant une heure est déjà passée. Il reste alors la sensation d’avoir réussi à capter un peu du génie de Beckett. Enfin…