On avait déjà bien aimé leur « Fin de partie » du même Beckett l’année dernière au Parvis. On attendait donc avec impatience le travail de Bernard Levy et de son équipe sur « En attendant Godot ». C’est un exercice difficile que de monter une pièce aussi souvent jouée, épluchée et commentée. Il fallait donc trouver un biais, un éclairage qui permettrait de ne pas simplement reproduire ce qui a déjà été fait.
Il y a les incontournables, des images reconnaissables entre toutes : deux clochards, un aveugle qui tient un esclave au bout d’une corde. Et surtout un texte, un long dialogue entre Vladimir et Estragon, deux vagabonds qui attendent ce fameux Godot qui ne viendra pas plus ici qu’ailleurs. « Essayons de converser sans nous exalter puisque nous sommes incapables de nous taire ». Un espace de plus de 2 heures marqué par une vacuité bien Beckettienne. « Le sujet s'éloigne du verbe... et le complément direct vient se poser quelque part dans le vide ». On a pu voir avec « Cap au Pire », lu l’année dernière par Sami Frey, jusqu’ou ca pouvait aller.
Bernard Levy a bien donné à son Godot tous les attributs attendus avec une bonne dose d’humour loufoque. Estragon et Vladimir jouent aux Marx Brothers : Estragon s’agrippe à Vladimir à la manière de Harpo et on assiste à quelques scènes toutes droites tirées de Monkey Business ! Et comme c’est servi par des comédiens remarquables la recette fonctionne parfaitement. Ce Godot retrouve la dynamique et le grain de folie de sa jeunesse. Un véritable régal !
Stéphane Boularand