C’est incontestablement l’évènement danse de la saison au Parvis ! Avec Kontakthof, c’est l’univers de Pina Bausch qui est présenté sur la scène du Parvis avec la célèbre tanztheater qui a bouleversé le monde de la danse. Un théâtre dansé qui exacerbe les sentiments et leur fait atteindre l’universel par le mouvement, dit-on. Une superbe contribution de la grande dame de Wuppertal qui s’est éteinte l’année dernière au patrimoine de la danse contemporaine.
Des mouvements et des sentiments, il y en aura sans aucun doute dans ce Kontakthof. « Un lieu où on se retrouve pour chercher contact. Se montrer, se défendre. Avec ses angoisse, ses désirs. Ses premières expériences. Premiers essais » écrivait-elle. Un décor simple, une grande salle quasi vide qu’on imagine de bal dont les murs sont seulement troués de hautes fenêtres et d’une porte, un piano, des chaises et une large vitre, des danseurs y rejouent les rapports de séduction, l'hypocrisie des sentiments aussi.
La pièce crée il y a plus de 40 ans avec sa troupe de danseurs de Wuppertal, a été reprise en 2000 avec des séniors car Je ne pouvais pas attendre que mes propres danseurs aient atteint la soixantaine> expliquait Pina Bausch. En voila une ultime version, présentée quelques mois avant la disparition de Pina Bausch, un Kontakthof pour adolescents de 14 ans. La même pièce, avec les mêmes mouvements et les mêmes musiques de Charlie Chaplin, Nino Rota ou les tangos de Juan Llossas, dans la même salle de bal. Des jeunes danseurs pour continuer à faire vivre cette pièce mythique. «Un spectacle comme Kontakthof, on aurait envie de le jouer toute la nuit» dira Pina Bausch. Ca ne durera peut-être pas toute la nuit, mais c’est bien trois heures de légende qui nous sont proposées.
Interview de Bénédicte Billiet, Directrice des répétitions de Kontakthof depuis la disparition de Pina Bausch
Plus de 40 ans après sa création, Kontakthof est-il toujours aussi actuel ?
Oui, c’est toujours aussi actuel. Kontakthof, c’est un lieu de rencontre avec toujours la même histoire qui se reproduit au fil de la vie et au fil des époques. Kontakthof nous parle toujours de la nature humaine. On a toujours les mêmes besoins, les mêmes aspirations et les mêmes envies, que ce soit en 1978 ou maintenant. C’est une pièce ou la base est très quotidienne, c’est des rencontres avec beaucoup de tous petits mouvements, plein de tendresse mais aussi de violence avec les autres. On s’attaque, on se prend la main. Les pièces de Pina Bausch de cette époque sont marquées par cette infinie tendresse, avec aussi des moments douloureux et dur.
Qu’apporte cette version avec des jeunes après la création avec des danseurs et une version séniors en 2000 ?
Comme Pina Bausch n’est plus la, c’est difficile de répondre à sa place. Ce sont des besoins qui sont très profond. C’est difficile de dire quelle étaient ses motivations. On peut penser qu’elle s’est tournée vers les jeunes car ils incarnent l’espoir, ils sont ceux qui continuent. C’est aussi un cadeau qu’elle a fait à cette jeune génération qui interprète son spectacle.
Comment évolue la pièce au fil de ses trois versions ?
Kontakthof est restée Kontakthof, elle n’a pas changé depuis 1978. Les danseurs, les anciens de plus de 65 ans et maintenant les jeunes qui ont entre 14 et 20 ans donnent une couleur différente. Quand on est jeune on est un peu tout fou, on se sait pas encore ce qu’on veut, on essaye ici et la. Quand on est plus âgé, on sait que ca n’a pas fonctionné, on réessaye et on espère jusqu’à la fin. Mais la pièce ne change pas, elle nous parle toujours de recherche, qu’on soit jeune ou ancien.
La disparition de Pina Bausch l’année dernière va figer la pièce ?
Les pièces de Pina Bausch sont écrites, on ne va pas changer la pièce avec sa construction, sa chorégraphie. Elle est écrite comme ca. Mais ce sont des pièces vivantes à travers leurs interprètes. On se coule dans les rôles, mais il y a toujours une part de re-création, on arrive chacun avec sa propre histoire. Elles ne sont donc jamais figées. On continue à travailler avec. Il y a des moments ou on dit « Pina, elle veut que ca soit comme ca, c’est important pour elle ». Ca nous surprend nous-mêmes : on a l’impression qu’elle est encore à coté de nous pour travailler.