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Philippe Pujo

Philippe Pujo, une peinture nourrie aux classiques

Au Carmel jusqu’à fin aout, Philippe Pujo jette un regard contemporain sur les classiques en décomposant/recomposant des peintures du Musée Massey

Philippe Pujo/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Philippe Pujo/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Ses peintures sont actuellement au Carmel. De grands formats qui associent des oeuvres du Musée Massey et l’œil de Philippe Pujo qui opère une décomposition/recomposition avec de gros pixels carrés qui projettent les oeuvres de la renaissance de Pontormo ou du 19ème siècle de Jean-Léon Gérôme dans une peinture résolument contemporaine. L’effet est saisissant, la démarche séduisante et le public répond à l’appel. Rencontre avec Philippe Pujo au milieu de ses oeuvres au Carmel tarbais.

Vous mobilisez beaucoup de peinture classique. Votre expression contemporaine à besoin de planter ses racines aussi loin ?

Il se trouve que j’aime énormément l’art classique. Il est plutôt réservé aux musées, mais avec cette exposition, j’ai saisi une occasion de le faire sortir et de promouvoir nos institutions culturelles et le fond culturel très important du Musée Massey. J’ai cherché des oeuvres dans le fond du musée, les fichiers, les réserves et j’ai sélectionné une vingtaine d’oeuvres pour les retravailler et montrer ma version des œuvres. Et pendant le temps de l’exposition, les originaux sont exposés au musée. On a créé un petit documentaire qu’on fait tourner ici et au musée en même temps et des cartels inversés qui montrent le tableau original et le mien sous le tableau pour inciter les habitants des Hautes-Pyrénées à s’apercevoir qu’ils ont très beau musée avec beaucoup de gens très motivés qui travaillent dedans et que l’art vivant et la conservation de l’art se rejoignent.

Vous avez choisi des oeuvres très différentes !

Oui ! Mais pas que les oeuvres classiques. Si vous regardez bien chaque toile a une touche différente. J’ai utilisé des pinceaux différents, j’ai utilisé des huiles différentes. Aujourd’hui quand on apprend l’art, on apprend beaucoup la théorie et peu la pratique parce qu’on a peu de temps et que les artistes dans le temps qui avaient des mécènes ca n’existe plus. J’ai été chercher des histoires et par-dessus je viens créer des techniques en déstructurant les tableaux et raconter d’autres histoires. Les toiles ne sont plus des toiles hermétiques que l’artiste voulait donner dans le siècle dans laquelle il a peint. J’ai déconstruit les tableaux pour pouvoir redonner des sens à cette même histoire que chacun va pouvoir réinterpréter à sa façon. Je lui ai donné une dimension qu’on pourrait dire idéologique ou temporelle.

C’est un jeu de décomposition et recomposition ?

Vous avez derrière moi cette Apollon. Il y avait un archet déposé à ses pieds. Je trouvais ça très étrange parce qu’il avait cette espèce de viole à la main. J’ai décidé de mettre cet archet sur son dos et du coup de transformer sa main qui va chercher son autre archet comme si elle venait chercher une flèche et comme si son instrument de musique était une arme. Je déplace un carré de tissu pour cacher son cœur et je mets son cœur comme un soleil. Je fais ça au hasard au début, je détricote la toile et je vais tout de suite rééquilibrer. Prendre des couleurs sombres ici, des masses plus claires là. Mettre des éléments qui aient du sens, chercher dans mon tableau original ce qui va être pertinent. Une symphonie va commencer à se créer, avec une dysharmonie d’abord et puis d’un coup ça va se réharmoniser et se mettre à raconter une autre histoire.

Pour voir les oeuvres de Philippe Pujo

Il y a d’abord l’exposition « D’une cimaise à l’autre ; du Musée Massey au Carmel » au Carmel jusqu’au 28 août avec des oeuvres crées ces derniers mois. Pour avoir une vision plus large, direction Marciac avec la galerie A l’ane bleu qui a une exposition permanente des ses oeuvres. Vous pouvez aller le voir dans son atelier, au 13 rue de l’égalité à Bagnères-de-Bigorre ou il prépare un chemin de croix de l’église paroissiale du Sacré-Cœur de Lourdes. Enfin sans attendre et sans sortir de chez vous, il reste son site Internet philippepujo.com.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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