Quelques jours après la visite de Carole Delga pour lancer la Journée des Ateliers d’Artistes d’Occitanie à laquelle il a participé en ouvrant son atelier le dimanche il y a deux semaines, Jean-Jacques Abdallah nous a reçu dans son atelier d’Arras-en-Lavedan au milieu de ses sculptures. Un bestiaire de taureaux, d’ours et de béliers tout en puissance qui semblent sortir en force du bloc de marbre. Des violonistes, joueurs de djembé ou des couples de danseurs figés dans la pierre en plein mouvement. Ou des pièces abstraites qui jouent entre le marbre brut et le marbre adouci par la main du sculpteur. C’est au milieu de toutes ces pièces de marbre que Jean-Jacques Abdallah a répondu à nos questions sur son rapport à la pierre.
Pourquoi le choix du marbre ?
C’est un matériau entre les pierres tendres et le granit. Ca permet de travailler la texture, les polissages, bien mieux que dans d’autres matériaux. Le marbre, c’est aussi une rencontre non maitrisée. A 16 ans, je suis rentré à l’école des Arts de Tarbes au Jardin Massey. je suis rentré à l’école d’Arts pour travailler le bois et j’ai commencé par la pierre et je ne l’ai jamais laissée depuis !
Une pierre qui offre aussi une belle palette de couleurs !
J’utilise des marbres peu colorés, avec des couleurs assez unies comme le blanc, le noir, le gris. J’évite de travailler les matériaux très colorés comme par exemple le sarrancolin, parce que je trouve que ces matériaux sont un peu trop présents et qu’on voit trop le marbre. Avec les marbres blanc, noirs ou gris, la sculpture prend toute sa dimension.
Qu’avez-vous envie d’exprimer à travers ces sculptures qui marient le marbre brut et le marbre poli ?
Dans mes sculptures, depuis le début je laisse une partie du bloc de départ pour montrer d’où vient la sculpture, comment est le bloc de marbre d’ou est issu la sculpture. Des taureaux très géométriques, des spirales infinies avec les cornes de béliers.
La puissance des taureaux, des ours et des béliers du bestiaire côtoie la douceur des visages et des postures de musiciennes et des danseuses. Comment passer de la puissance à la douceur ?
C’est une question de techniques de travail du matériau. En fonction de veut dire, de la façon dont on travaille. Ca peut être très grossier comme là ou c’est brutes de taille, ou le fait de polir qui donne une douceur et une envie de toucher. Il y a un côté tactile qu’il n’y a pas dans les autres disciplines. Ici, on peut toucher ! Pour moi la sculpture est faite pour être touché.
Comment sont venues les pièces abstraites ?
Je fais des pièces non-figuratives depuis le début. J’ai aussi fait une série récemment suite à un accident en chargeant une grande tranche. Elle s’est cassée. J’ai récupéré tous les morceaux qui étaient cassés pour en faire des sculptures ou j’ai gardé l’éclat brut et je n’ai travaillé que l’intérieur en faisant un vide organisé sur un plein aléatoire.
Face à un bloc de marbre, qu’est-ce qui vous guide ?
Je ne saurais pas dire comment ça se passe dans ma tête. Mais quand j’ai passé beaucoup de temps sur une pièce figurative avec des règles à respecter, j’ai envie de pièces non figuratives qui me laisse plus de liberté.
Pour aller voir les scuptures de Jean-Jacques Abdallah
Le meilleur moyen d’embrasser sa production est de visiter son atelier à Arras-en-Lavedan, au 1 rue Artiguettes avec en prime une vue exceptionnelle sur la montagne. Il suffit d’appeler Jean-Jacques Abdallah au 06.84.12.25.61 pour qu’il vous accueille. Il y aussi des sculptures en Val d’Azun : deux sculptures à Arras-en-Lavedan, un ours à Arrens-Marsous, un buste de Saint-Martin à Gaillagos. Et hors du Val d’Azun, une sculpture d’aigle à Cauterets et le Général De Gaulle devant le Palais des Congrès de Lourdes.