Marbriers de pères en fils depuis six générations, les Fontan sont connus et reconnus de longue date des tarbais qui associent le nom au marbre dont ils font des monuments funéraires. Comme son père, le père de son père et les générations qui les ont précédés, Lionel Fontan est donc digne héritier de la tradition familiale en dirigeant l’atelier de marbrier spécialisé dans la dernière demeure et ses attributs. Mais pas seulement. La visite de leur espace d’exposition de la Rue Baudry dans la zone industrielle Kennedy à Tarbes montre déjà que le tailleur de pierre ne se contente pas de l’austère mais imposant bloc de marbre en multipliant les propositions de créations pour que la dernière demeure soit le reflet de celui qui y habite. Et derrières les tombeaux, le plaques et autres décorations funéraires, on découvre des sculptures de marbre, de granite et de terre. Un isard qui sort du bloc de granite ou un corps de femme de marbre qui échappent à la destination du lieu. Rendez-vous est pris avec Lionel Fontan dans sa marbrerie de Gayan pour rencontrer le sculpteur au milieu des monuments funéraires.
Votre production artistique est un à-côté, une diversification ou une façon d’échapper à un héritage familial ?
Echapper, non. Je ne veux pas échapper à ce qu’on m’a laissé, ce qui fait vivre 14 salariés. J’apprécie de participer à cette entreprise dans la famille. Ce qui n’empêche pas d’avoir un petit truc en plus que faisait pas les autres. Ce n’est pas non plus un à-côté car j’aime bien le funéraire, le fait que ça dure longtemps, que je laisse ma trace quelque part de ce que j’ai fait de mes mains, qu’on réponde à un besoin qui touche tout le monde. Et le monument funéraire peut comporter déjà des aspects artistiques, pour peu qu’on ait l’envie. Comme l’isard sur lequel je travaille. La sculpture et le funéraire font parti d’un tout pour moi. La sculpture c’est le prolongement.
Quelle place occupe la sculpture aux côtés du funéraire ?
C’est un moyen d’expression pour faire mon métier autrement, et me faire plaisir en explorant d’autres possibilité qu’offrent la pierre. Et puis le funéraire me permet d’être libre pour créer mes sculptures. Je crée comme je veux, quand je veux, ce que je veux, sans contraintes. Ça me permet de saisir un défaut dans la pierre pour l’exploiter dans une sculpture qui sort de la destinée funéraire. Ça serait impossible si je devais travailler sur commande. C’est pourquoi la sculpture ne remplacera pas le funéraire.
Quels sont vos sujets de prédilection ?
Je fais de l’animalier, avec des animaux de notre région comme l’isard. Et j’aime aussi faire des nus, des corps d’homme ou de femme. Un sujet classique auxquels j’essaye d’apporter quelque chose de moi, une texture, un polissage ou une matière particulière. Je fais d’autres sujets sur le funéraire, mais il faut toujours que j’ai assez de liberté pour apporter mon regard.
Comment travaillez-vous ?
Je pars d’une pierre brute et d’une idée. Sans faire de maquette, avec jute quelques coups de crayon pour me repérer. J’aime la taille directe qui permet de voir la sculpture avancer au fur et à mesure des coups de disque, évoluer au gré des idées qui viennent. C’est pourquoi j’aime bien aussi laisser des parties brutes à côté des parties polies, pour montrer les traces des coups de disque diamant que j’ai donné pour donner sa forme à la sculpture. C’est aussi un indice pour celui qui est du métier sur ma façon de travailler.
Ou voir les productions de Lionel Fontan
Ce n’est pas un sculpteur qu’on découvre au gré des expositions qu’il a déserté. En attendant qu’il termine sa propre salle d’exposition au sein de son atelier de Gayan, ses œuvres sont visibles dans l’espace d’exposition de l’entreprise familiale de la Zone Industrielle Kennedy à Tarbes, des monuments funéraires aux sculptures. On peut aussi se promener dans les cimetières. Les créations de Lionel Fontan se remarquent, comme des oiseaux sculptés dans le cimetière nord de Tarbes et bientôt l’isard sur lequel il travaille sera au cimetière