C’est Un Avare qui vient de loin ! Il est né du projet de l’association Toulousaine Tchin-tChine de confronter notre culture théâtrale à celle des chinois. Une troupe de comédiens de la compagnie Compteur : zéro est ainsi partie à Pékin pour monter « L’Avare » de Molière. Cette pièce a été retenue car en plus d’être un monument de notre théâtre reconnu comme tel jusqu’à Pékin, elle aborde des thèmes proches de ceux du théâtre chinois en particulier de l’Opéra de Pékin. De retour de Chine, c’est à Lannemezan que cet Avare venu d’Asie s’est arrêté.
La pièce est construite à la confluence de ses origines européennes et chinoises, à l’image de ces masques en tissu qui couvrent le visage des comédiens, évoquant à la fois la Commedia dell'arte chère à Molière et les maquillages colorés de l’Opéra de Pékin. Le parti pris est résolument moderne, il donne un caractère incontestablement original à cet Avare. Avec une mise en scène recherchée Eve Rouvière a choisi de donner plus d’importance à l’expression qu’a ce texte déjà tellement entendu. Elle joue avec ces influences en multipliant les références. Le décor est réduit, les costumes sont noirs. Le seul accessoire est une grande toile qui sert masquer, à montrer, qui se transforme en drapeau ou en dragon. Elle ne montre que des jambes dans la très sensuelle scène des amoureux évoquée par des pieds nus qui s’entremêlent, image très évocatrice pour les chinois parait-il. Elle ne laisse voir que des têtes, transformant les comédiens en marionnettes, évoquant notre théâtre de Guignol mais aussi la plus pure tradition chinoise. De la pièces de Molière restent les principales scènes qui sont détournées, une succession de tableau jouées « à la mode de», passant de moines tibétains à la comédie musicale seventies. Une variation autour de l’Avare qui fait penser aux « Exercices de style » de Raymond Queneau en gardant néanmoins la trame de l’histoire quasi-intacte.
Les quatre comédiens Virginie Bracq, Xavier Czapla, Michel Monestes et Karine Monneau sont lancés dans un jeu débridé, permutant les rôles, donnant une part importante à l’expression corporelle, jouant avec les sonorités. Ils sont accompagnés sur scène par Matthieu Aschehoug qui crée une ambiance sonore composite en alliant une guitare espagnole un peu décalée, un sampleur et quelques percussions.
Après avoir trouvé à Lannemezan un public enthousiaste, il sont passé le lendemain à Luz Saint-Sauveur et seront le 6 mars à Bagnères de Bigorre.