Le Parvis affichait complet pour les trois représentations de l’Avare mis en scène par Ludovic Lagarde. Et le public ne s’est pas trompé en venant massivement voir une pièce qui échappe avec brio au risque d’être un Avare de plus. Pas de costumes d’époque ni de décors rappelant un intérieur du 17eme siècle, et on n’est plus vraiment dans le registre de la farce qu’on associe souvent à cette pièce de Molière. Il y a toujours une bonne dose d’humour, mais pas seulement quand on découvre une scène encombrée de carton et de palettes et Laurent Poitrenaud en costume actuel qui interprète un Harpagon qu’on pourrait voir avec son avarice coincé entre un maniaque du ménage et un cleptomane dans les émissions de télé-réalité qui font défiler les pires Le troubles obsessionnels.
C’est parti pour près de trois heures de spectacle mené tambour battant où cet Avare va tyranniser son petit monde. Ses enfants qu’il veut marier, ses domestiques qui doivent faire des miracles avec le peu qu’il accepte de dépenser, comme un petit chef de service ou d’entreprise que le décor évoque pourrait la faire avec ses subordonnés. Un avare qui passe du 17eme siècle à maintenant et une mise en scène de Ludovic Lagarde qui apporte un savoureux décalage et une belle dynamique servie par Laurent Poitrenaud, par Alexandre Palluqui joue un Valère particulièrement faux-cul, par Julien Storini dans le rôle de La Flèche, par Louise Dupuis dans celui d’un maitre jacques plus rebelle que jamais et par les 10 autres comédiens sur scène. Un beau succès comme en témoignent les applaudissements nourris du public à la fin des représentations.