Molière, « Les fourberies de Scapin ». Scapin, Géronte, la galère, les coups de bâton. Les ingrédients d’une pièce tellement caractéristique - presque caricaturale - d’un théâtre français du 17ème siècle qui puise ses racines dans la commedia dell’arte que déjà son titre nous donne l’impression d’être retourné aux cours de français de l’époque ou nous étions collégiens. Une pièce qu’on voir donc bien plus souvent dans des séances scolaires que programmée le soir sur une scène nationale ! Alors, que diable allait-on faire dans cette galère, celle d’une reprise de plus d’un texte de Molière que déjà les critiques de l’époque trouvaient sans finesse ?
Il ne fallait pas être bien raisonnable pour se lancer dans l’aventure. Et c’est bien la que le suisso-colombien Omar Porras donne une nouvelle efficacité à la pièce. Il prend le texte de Molière, n’hésite pas a le triturer un peu, le truffer d’anachronisme et l’implanter dans un décor aux couleurs criardes qui élève le kitch au niveau de l’art. Le tout pour restituer l’essence même de la comédie, celle d’une belle et intemporelle farce on ne peut plus populaire. Posé le principe, il n’y a plus de limites. C’est parti pour une heure trois quart de pure folie théâtrale ou le public en prend plein les yeux et plein les oreilles.
Sur scène la dizaine de comédien du teatro Malandro ne ménage pas sa peine pour embarquer le public dans une féérie qui ne laisse pas le temps de réfléchir. Le public rit, sursaute et termine le spectacle debout pour applaudir. On oublie la vision sclérosée de la pièce et on la reçoit comme on peut imaginer que le parterre du Théâtre du Palais-Royal l’avait reçu il y a plus de trois siècles ! La fourberie de Porras est finalement d’arriver à nous faire marcher avec des vieilles ficelles qu’on croyait hors d’usage.