Le Parvis ouvre la nouvelle saison aux couleurs de l’Europe. « Cette saison Européenne est un moyen de faire résonner la culture avec la présidence Française de l’Union Européenne » affirme Marie-Claire Riou, directrice adjointe de la scène nationale. De l’écran de cinéma à la grande scène, en passant par le centre d’art contemporain, tous les moyens sont bons pour tenter l’expérience. C’est une invitation à un voyage continental pour aller à la découverte d’une identité culturelle commune. On parle ici de la grande Europe, celle qui va de Reykjavik à Istanbul. Celle que les artistes ont bâtie sans attendre les traités.
L’Europe sur grand écran
C’est avec le cinéma que le voyage débute. Du 1er octobre au 4 novembre c’est « Vision d’Europe » en une vingtaine de films et des courts métrages qui est proposée. La France sera bien représentée par le film de Laurent Cantet, « Entre les murs » tout juste auréolé de sa palme d’or Cannoise. Mais le reste de l’Europe n’aura pas à rougir avec une programmation de haut vol comme « le silence de Lorna » des Frères Dardenne, qui a reçu le prix du scénario à Cannes, « Gomorra » le film de Matteo Garrone sur la Camora lui aussi récompensé à Cannes ou « Be Happy » de Mike Leigh. On pourra rencontrer Guillaume Malandrin, qui viendra présenter « Ca m’est égal si demain n’arrive pas ». Ce tour d’Europe nous amènera aussi voir ou revoir du cinéma allemand, suisse, britannique, italien, belge, norvégien, espagnol, bosniaque, portugais ou islandais. Le tout garanti sans surtaxe carburant !
Ce mois d’octobre sera aussi l’occasion de voir pas moins de cinq films en avant première, comme « Les trois singes » du turque Nuri Bilge Ceylan, récompensé par le prix de la mise en scène à Cannes. Le film ne doit faire sa sortie officielle qu’en janvier prochain. C’est tellement une avant première que les copies ne sont pas encore prêtes ! Il en faudra davantage pour décourager Jacques Boulé : la grande salle du Parvis sera équipée en numérique pour cette occasion.
L’Europe sur les planches
Sur la scène, c’est le justement nommé « Europeana » du groupe Merci qui ouvre la saison. Après « La mastication des morts » et les présidentes, ils reviennent avec une « brève histoire du XXème siècle », une invitation à revisiter notre mémoire d’européen. Imaginez un « mur de la mort », le genre de cylindre dans lequel tournaient des motos dans les foires, duquel jaillirait tout ce qui a fait notre mémoire collective, des guerres à l’invention du soutien-gorge, sans oublier le dadaïsme et la poupée Barbie. La suite de la saison sera dans la même veine, c'est-à-dire cosmopolite, à l’image des espagnols de La Zaranda ou des trois pièces du Suèdois Strindberg jouées par le Théâtre Sfumato. Contrairement à ce que le nom de la troupe pourrait laisser penser, ils ne sont pas Italiens, mais Bulgares. Quelle Europe !
La saison à la mode européenne, c’est aussi un grand voyage en danse et en musique avec le « nuevo flamenco » du sévillan Andrés Marin, le fado d’Ana Moura tout droit venu de Lisbonne, la musique contemporaine d’Olivier Messian ou les chorégraphies de Sidi Larbi Cherkaoui, un anversois d’origine marocaine. Ne serait-ce pas justement ce mélange de racine qui fait toute notre créativité ?
Un programme vaste et riche qui permet de mettre en évidence le dynamisme culturel du vieux continent. Peut-on vraiment peut dire que l’Europe est en panne ?