C’est à une exposition pleine de dérision et d’interrogations que Xavier Boussiron et Arnaud Labelle-Rojoux nous invite. « Le miracle familier » n’est pas une suite d’œuvres placées côte à côte, comme le sont souvent les expositions. Mais plutôt une suite d’œuvres d’artistes contemporains. Sur une scène, vont ainsi se succéder au fil des semaines des œuvres d’Art & Language, de l’Atelier Van Lieshout, d’Olivier Blanckart, de Dado, de Jacques Lizène, d’Urs Luthi, de Présence Panchounette, de Pierre Saxod, de Taroop & Glabel et celles de Xavier Boussiron et d’Arnaud Labelle-Rojoux eux-mêmes. Des œuvres mises sur scène, plutôt mises en scène devant les yeux interrogatifs d’un âne benoitement assis dans la salle.
L’esprit de Duchamp et de sa fontaine est donc encore vivant, avec tout ce qu’il a de génial et provoquant ! Qui est cet âne ? Représente-t-il l’ignorance du public ? Est-ce une façon de stigmatiser une critique qui ne comprend jamais rien ? A moins qu’on ne pense à l’œuvre de Boronali, dont la toile « Coucher de soleil sur l'Adriatique » a pu être admirée au salon des Indépendants de 1910 avant que l'écrivain Roland Dorgelès ne révèle, constat d'huissier à l'appui, que l'auteur se nomme en fait « Lolo », et qu'il est l'âne du père Frédé, patron du Lapin Agile à Montmartre ? Il suffit d’un peu de dérision, ou d’autodérision selon la réponse à la question, pour se mettre aux cotés de l’âne pour voir avec un autre regard les œuvres qui vont se succéder. C’est sans doute là le véritable intérêt de l’exposition.