Ce n’est pas la plus célèbre des pièces écrites par Shakespeare. Et il ne faut pas très longtemps pour en comprendre les raisons. « Le conte d’hiver » nous montre un roi que la jalousie transforme en un tyran briseur de vies jusqu’à ce qu’un douloureux éclair de lucidité le plonge dans d’insondables remords avant que le sort finisse par penser les plaies et permettre d’aboutir à une happy end. C’est pendant trois actes une tragédie pas très consistante pour finalement virer à la franche, mais pas très originale, comédie. Une des toutes dernières pièces de Shakespeare, assez loin du génie d’Hamlet ou du Roi Lear. Pas de quoi fouetter un chat donc !
Sauf que, mise dans les mains de Lilo Baur, la pièce se transforme en un beau et tout à fait réjouissant spectacle ! La modestie du texte laisse un bel espace à une mise en scène qui se révèle très efficace. L’élève de Peter Brook s’engage sur la même voie que le maitre : elle met en scène ce Conte d’hiver avec la même volonté de permettre au comédien de faire jaillir ce que le personnage peut contenir d’humanité. Un travail ou les idées foisonnent sans jamais éclipser l’essentiel. Et même si la distribution est assez inégale, la formule fonctionne à merveille. On assiste ainsi à quelques scènes d’une intensité remarquable, tant dans le funeste de la tragédie que dans la liesse de la comédie. Un véritable exhausteur de texte !
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