C’est une superbe journée de spectacle que le Parvis nous a offert ce week-end avec la Trilogie Pagnol de la Compagnie Marius. Le public s’est retrouvé dès la fin de matinée sur les rives du lac de Gabas à Lourenties pour suivre au fil de la journée Marius, du café de père aux bras de Fanny vingt ans plus tard. Une grande fresque populaire revisitée avec une créativité bien flamande pour cette troupe venue d’Anvers ! En remplaçant le pastis par une bière belge, et l’accent marseillais par une bonne dose de flamand, c’est toutes nos conventions pagnolesques qui étaient bouleversées. Une remise en cause surprenante et efficace !
« On a l’impression que la plupart des français ont découvert Pagnol au travers des films, que l’accent et le foulard de Raimu restent intimement liée à l’œuvre de Pagnol. Nous n’avons pas eu la même approche : on à découvert Pagnol par le texte. On y parle bien de pastis, de Marseille, mais c’est finalement les seules références locales. C’est une histoire bien plus universelle, qui touche tous les publics, qu’ils soient français, belges ou néerlandais ! Des spectateurs marseillais sont venus nous voir à la fin d’une représentation en nous disant qu’ils se souvenaient de la musique, mais qu’ils avaient oublié les paroles ». Passé la surprise des « r » bien roulés, c’est bien le texte de Pagnol qui s’est imposé, avec tout son humour et surtout son humanité bienveillante.
Mais c’est encore plus le talent et la générosité de la troupe flamande qui à séduit le public. Les cinq heures de spectacle passé avec les six comédiens, à boire une bière ensemble, à manger ensemble, à passer l’après midi face au lac de Gabas avec les Pyrénées à l’horizon, ont donné le sentiment de partager un moment particulier. Cinq heures comme une parenthèse qu’ont aurait volontiers fait durer encore plus longtemps pour un moment de théâtre populaire qui restera dans les mémoires.
Stéphane Boularand.