Tout est prétendument authentique : le double infanticide de Donna McAuliffe, le syndrome de Leeman-Ketkey diagnostiqué par le psy et les convictions Lynn Barrie, sa mère, qui se présente libérée des partis aux élections locales. « Ce qui suit a été retranscrit mot pour mot à partir d’entretiens et de correspondances. Rien n’a été ajouté et les mots utilisés sont ceux employés même si certaines coupes ont pu être faites. Les noms n’ont pas été changés » annonce Dennis Kelly. Un théâtre documentaire dans la veine de ce qui se faisait sur les scènes anglaises de la fin des années 90 qui n’allait pas tarder à évoluer vers la télé-réalité et autres docu-fictions inondent de nos tubes cathodiques.
Sur la scène du Parvis, Olivier Werner interroge, caméra à la main, les protagonistes du drame. Des témoignages plus vrais que nature qui se succèdent comme autant de fragments qui peu à peu s’assemblent pour former une vérité. Mais quelle vérité ? Tout s’avèrera faux : la conviction de Lynn Barrie qui va s’effacer devant ses ambitions, le diagnostic du psy qui se révèle n’être qu’un moyen d’être reconnu auprès bde ses pairs et du grand public et le texte même de ce « Occupe-toi du bébé » n’a rien du verbatim annoncé. Comme le dit la physique quantique, l’observation perturbe le phénomène qui est observé. Le chat de Schrödinger pourrait en témoigner. Ni le théâtre, ni la télévision, n’échappent à la règle : la mise en scène est incompatible avec l’émergence de la réalité et encore moins de la vérité, même si on prétend montrer des « faits réels ». Dennis Kelly en fait une brillante démonstration qu’Olivier Werner nous a intelligemment servi sur le plateau du Parvis.