Festival d’humour oblige, c’est un grand vent de folie qui a soufflé mardi soir sur la scène du Parvis avec le Maitre Puntila et son valet Matti mis en scène par Guy-Pierre Couleau. Un riche propriétaire terrien qui ne trouve de considération pour ses employés qu’après avoir absorbé une généreuse quantité d’Aquivit, un valet bien campé dans une dignité qui sépare définitivement la connivence de la complicité. Un subtil mélange d’humour, d’ironie et de conviction très brechtienne qui place ce duo quelque part dans les couples de maitre et valets, entre Dom Juan et Sganarelle de Molière et entre Jean et Mademoiselle Julie de Strindberg, la conscience sociale en plus.
On se souvient d’avoir vu au début des années 90 de la superbe performance tout de Pierre Arditi en Matti très malicieux et de Marcel Maréchal qui signait la mise en scène et campait un Maitre Puntailla tout en gouaille. Un superbe texte, mais une pièce qui n’est si évidente à monter puisqu’il faut donner un rythme qui permette aux spectateurs de faire face aux trois heures de spectacle. C’est donc avec une certaine attente qu’on attendait la proposition de Guy-Pierre Couleau. Et la réponse n’a pas tardé car la justesse de l’interprétation des onze comédiens de la Comédie de l’Est et le souffle continu, à quelques scènes près, a emporté le public du Parvis sans qu’il soit possible de résister.