Le texte est mythique, même si finalement peu de gens l’on lu. Un livre d’une ambition folle, une critique méthodique de l’économie politique à laquelle Karl Marx a consacré plus de vingt ans pour n’arriver à publier que la première partie avant que Friedrich Engels prenne la relève. Et un siècle et demi après, le texte est toujours aussi présent. Même si la société actuelle n’a pas le même visage que celle du dix-neuvième siècle, les questions que pose Karl Marx sont d’une actualité toujours aussi brulante. Tout ce qu’il faut pour intéresser un metteur en scène. Tout ce qu’il faut pour effrayer un metteur en scène normalement constitué. Mais voilà, Sylvain Creuzevault a relevé la gageure en nous proposant de porter à la scène la richesse de ce texte.
Dès le début du spectacle le dialogue entre Berthold Brecht, Michel Foucault, Sigmund Freud et Auguste Blanchi joué par un seul comédien donne le ton. Décalé, impertinent, fulgurant. Les deux heures et demie de spectacle seront dans la même veine. Sylvain Creuzevault et les quatorze comédiens du spectacle vont puiser dans le texte de Marx pour faire émerger ce que cette analyse critique a de plus universelle. François-Vincent Raspail, Auguste Blanqui, Louis Blanc, Armand Barbès, Alexandre-Albert Martin, Daniel Borme et Friedrich Engels sont appelé revenir à éclairer notre l’actualité en parlant de valeur du travail, de la place de l’économie dans la société, des valeurs de la révolution. Un pari réussi qui nous donne envie de replonger dans le texte de Marx.