C’est un superbe texte que le public tarbais avait à entendre vendredi et samedi au Théâtre des Nouveautés. Celui que Simone de Beauvoir nous a livré dans Monologue, extrait de La femme rompue recueil de nouvelles parue à la fin des années 60. Le récit d’une femme qui a traversé le suicide de sa fille, un divorce, la perte de la garde son fils. Un texte brut et nu, comme la rage de cette femme contre l’injustice en général, contre ceux qui ont apporté le malheur en particulier, contre l’acharnement de la vie contre elle et pour finir contre le monde entier. Une véritable perle noire qui scintille d’une beauté ténébreuse, fascinante et repoussante. Autant dire qu’on attendait cette Femme rompue venue des Bouffes du Nord avec envie !
Mais de cette rage il ne reste pas grand-chose. Est-ce la mise en scène de Hélène Fillières ou la pauvreté du registre de Josiane Balasko réduit à deux expressions ? Peut-être est-ce les deux cumulés. La douleur et la rage ne se répondent plus, ne communiquent plus. Colère vociférante, douleur muette, colère vociférante, douleur muette, et pas grand-chose entre les deux pour aboutir à ce qui ressemble à un gros et insipide Big Mac théâtral. Du Monologue de Simone de Beauvoir, il ne reste qu’une longue plainte douloureuse, surtout pour les spectateurs frustrés par tant de beauté qui lui échappe. Il ne reste plus qu’à relire le texte original pour se consoler !