Emmanuel Macron a annoncé la fin de la fermeture des lieux de culture pour le 19 mai. Comment sera le Parvis du jour d’après ?
Ça va être très simple : on rouvre ! Nous étions déjà près le 15 décembre dernier, date potentielle qu'on nous avons annoncé à la fin du confinement de novembre dernier. Finalement ça n'a pas été possible le 15 décembre mais nous nous sommes toujours tenus près à rouvrir dès que possible en essayant d'adapter notre programme au fur et à mesure de l'évolution de la situation.
Donc le 19 mai, nous rouvrons le centre d'art, le cinéma et nos salles de spectacles. On pourra être plus précis quand on connaitra les règles notamment en termes de jauge.
Les contraintes sanitaires ne sont pas assez détaillées pour que vous puissiez prévoir comment se fera la réouverture ?
Nous attendons la parution de décrets. Pour le moment il a été annoncé qu'on pouvait ouvrir le 19 mai avec une jauge limitée à 35% de la jauge normale de nos lieux. Mais ce ne suffit pas pour savoir comment on s'adapte pour accueillir le public. Ce qui est sûr c'est qu'il y aura toujours le port du masque obligatoire, toujours le gel hydroalcoolique à l'entrée, toujours sur une réflexion sur les circulations et flux de public dans nos lieux. Sur le fait que nous aérons au maximum nos salles et que nous revoyons les enchainements, notamment au cinéma entre deux séances. On sait aussi qu'il y a une distanciation physique avec une jauge à 35% maximum de la capacité. Mais on ne sait pas si le public peut se regrouper par 6 maximum pour ceux qui viennent en famille par exemple ou s'il faut laisser un siège de libre et un rang sur deux. Tant qu'on ne sait pas exactement cette information, on ne peut pas tout à fait organiser l'accueil du public.
Pour le cinéma, ça ne pose pas beaucoup de problèmes car on est en capacité de s'adapter simplement. Pour le centre d'art, l'inauguration de la nouvelle exposition est prévue le 9 juin, ce sera aussi plus simple car ce sera déjà le second palier avec 4 m² par personne au lieu des 8 m² auparavant. On a besoin de plus de précision pour les spectacles dans la grande salle. Si on adopte la règle de 35%, la jauge est de 270 places au lieu des 750 places. Mais on ne sait pas si on peut accueillir en scolaire des classes qui viennent de plusieurs écoles ou pas car à un moment donné le brassage inter-établissement était interdit. Est-ce le brassage sera possible, est-ce qu'on devra avoir du public un rang sur deux. On fonction de ça, on saura comment on va procéder.
Après cette réouverture, quel sera l'été du Parvis ?
Nous avons été obligés d'annuler beaucoup de spectacles. On reporte 13 de ces spectacles entre le 25 mai et 25 juillet pour une vingtaine de représentations. Ils sont reportés soit au Parvis, soit sur le territoire. Par exemple nous accueillons début juin François Morel qui était dans la saison 2019/2020. Le chœur de chambre des Eléments qui a été reporté deux fois qui sera à la Collégiale d'Ibos et à l'Abbatiale de Saint-Savin. Il y aura encore le concert du jazzman Stefano Di Battista le 6 juillet ou la chanteuse flamenco Rocío Márquez avec Fahmi Alqhai, un très beau programme qu'on avait prévu au Parvis et qu'on reprogramme le 25 juillet à l'Abbaye de l'Escaladieu. Il y aura aussi du cirque pour trois dates à Saint-Savin, à Lourdes en en Barousse. Et une trilogie autour de Rabelais à Batsère et à Saint-Lary.
Nous travaillons aussi sur une proposition en plein air autour de séances de cinéma qui vont avoir lieu de Tarbes, au Haras et au Jardin Massey, à Lourdes, dans les Baronnies et un peu partout sur le territoire. Et nous allons aussi à nouveau travailler dans le cadre de l'été culturel et apprenant du ministère de la Culture comme l'année dernière ou nous avions donné dans les quartiers prioritaires dans la politique de la ville et dans les centres de loisir. Cette année ce sera un trio d'activités du spectacle vivant, du cinéma et des arts plastiques dans les quartiers de Tarbes et de Lourdes et dans les centres de loisirs pendant le mois de juillet.
Et la rentrée 2021 sera comme un rentrée du monde d'avant ?
Nous sommes partis sur l'idée d'une saison normale en termes de contenu et de programmation. Nous avons aussi anticipé l'idée que nous soyons encore en distanciation physique dans les lieux. Une saison avec beaucoup de reports et des nouveaux spectacles. Avec un équilibre entre ce que nous allons proposer au Parvis, ce que nous allons proposer sur tout le territoire et ce que nous allons proposer au sein même des établissements scolaires. Avec une majorité de spectacles qui pourront s'adapter une situation de contraintes, de distanciation, de limitation de jauge ou de fermeture de nos lieux.
On a beaucoup échangé avec nos collègues un peu partout en France et on est tous sur cette stratégie, à relancer une saison de spectacles en espérant que la situation revienne plus proche de la normale mais en s'attendant à avoir des jauges plus contraintes.
Est-ce que la COVID-19 a changé votre relation avec le public ?
Elle a changé beaucoup de choses. Elle a renforcé le dialogue entre les programmateurs que nous sommes et les équipes artistiques. On se rend compte qu'on est tous dans le même bateau. Les programmateurs n'existent pas sans les artistes, sans les intermittents du spectacle. Et les artistes n'existent pas non plus sans être programmés. On a resserré nos liens, on a beaucoup ouvert nos lieux aux artistes pour qu'ils continuent à travailler en les accueillant résidence, en les accompagnant en production.
La grande difficulté a été de maintenir le lien avec le public. Notre rôle est d'assurer la rencontre entre des artistes, des oeuvres et des publics très variés qu'il s'agisse de public scolaire, de publics abonnés ou de publics un peu plus éloignés de ce que nous faisons. Notre travail est d'assurer cette médiation et de faire de sorte d'assurer notre mission de service public. Quand les lieux sont fermés, c'est beaucoup plus difficile de maintenir cette relation. Ça a été plus difficile de sentir, de nourrir ce lien humain même si on a imaginé des choses un peu différentes comme une présence renforcée sur le numérique avec des pastilles vidéo qu'on a diffusé sur les réseaux sociaux. Pour nous la rencontre charnelle entre les oeuvres et les publics est essentielle. Ça a été compliqué à vivre. Mais nous sommes là pour défendre une culture vivante, une culture du partage, une culture de la présence.
est-ce que vous percevez une attente ou une difficulté à remobiliser le public et les équipes du Parvis ?
C'est très difficile à mesurer. Pour l'équipe du Parvis, les situations ont été contrastées entre ceux qui ont une activité opérationnelle qui n'existe plus quand on est fermé. Comme les projectionnistes ou une partie des techniciens qui se sont retrouvés au chômage technique. Alors que pour d'autres l'activité a continué et même augmenté comme la réflexion sur la programmation, qui ont sans arrêt cherché des solutions pour s'adapter au couvre-feu ou aux autres contraintes. Dans les deux cas l'équipe est très fatiguée de cette situation et elle a hâte de retrouver les spectateurs et de fonctionner aussi normalement que possible.
Coté spectateurs, on nous a beaucoup écrit. On a fait paraitre un forum pendant le confinement avec des témoignages de spectateurs. Je pense aux élèves de la section théâtre du Lycée Marie Curie ou à des abonnés de Tarbes ou de Pau qui nous ont écrit en nous assurant de leur soutien, du fait qu'on leur manquait, qu’ils voulaient nous retrouver. On espère qu'il va y avoir un appel très positif et que le public va avoir envie après de longues semaines de frustration de retrouver les salles de cinéma, nos salles de spectacle et les lieux d'exposition. Je parle pour le Parvis et les autres lieux de culture. On espère, mais c'est très difficile à mesurer. On a vu qu'un certain nombre de films, notamment de grandes firmes américaines, ne sortiront pas au cinéma et sont directement partis vers les plateformes de VOD. C'est très confortable de rester dans son canapé et de s'abonner à une plateforme de VOD. On a donc aussi une inquiétude mais on y croit !