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L'Offrande MusicaleDavid Fray

David Fray, le piano, Bach et les Hautes-Pyrénées

Souvent chez lui à Barbazan-Debat mais rarement sur les scènes des Hautes-Pyrénées, David Fray revient avec une Offrande Musicale qui promet un superbe début d’été en musique.

David Fray/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

David Fray/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Il joue dans la cour des grands. Des grands pianistes, ceux qui font l’actualité musicale, ceux que la critique salue, ceux qui se frottent aux plus grandes œuvres. Un grand pianiste qui habite à Barbazan-Debat, qui a commencé sa vie de pianiste au Conservatoire de Tarbes en recevant à 14 ans trois médailles d’or pour le piano, la musique de chambre et la formation musicale avant de continuer sa route au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris avant d’enchainer les distinctions comme le German Echo Klassik Prize pour l'instrumentiste de l'année, le Young Talent Award du Ruhr Piano Festival et le titre de Soliste instrumental de l'année aux en 2010. Un grand pianiste qui revient les bras chargés de cadeaux pour les haut-pyrénéens avec la seconde édition de L’Offrande Musicale qui se déroulera dans à peine trois mois. Rencontre avec celui que certaine décrivent comme « Peut-être le plus inspiré, et certainement le plus original des musiciens de Bach de sa génération ».

Le retour l'Offrande Musicale, c'est un cadeau aux Haut-Pyrénéens ou envie de montrer aux jeunes pianistes que le plus haut niveau est possible ?

Si ça peut aussi servir à donner de bonnes idées de jeunes musiciens en herbe, pourquoi pas. C'est surtout un cadeau aux personnes en situation de handicap. On offre 20% des places de concert gratuitement donc à ces personnes-là et à leurs accompagnants. Et puis évidemment, c'est également un cadeau au territoire, à celui où je suis né où je suis revenu vivre. Si ça peut créer des vocations, c’est bien aussi. Quand j'avais 10 ou 11 ans je voulais entendre les musiciens les plus importants de la scène classique internationale et il fallait au minimum que j'aille jusqu'à Toulouse. C'était difficile de trouver ce genre de personnalité sur les Hautes-Pyrénées. L’Offrande Musicale peut le permet.

La première édition était marquée par le plaisir, celui du public et le vôtre qui irradiait. Est-ce que venir jouer à Tarbes, à Barbazan-Debat précisément induit un rapport à la musique et au public différents des autres lieux ?

L'impression que j'ai eu sur la première édition est qu’on était en train d'amener un nouveau public à la musique classique et il y a des formes artistiques différentes. C’est une vraie satisfaction. Après quand je joue ici c'est à la fois quelque chose de familier et quelque chose de nouveau. J’ai l'impression de jouer à domicile parce que c'est ma région. Mais avant L’Offrande Musicale je ne me produisais pratiquement jamais dans les Pyrénées.

Bach est omniprésent. Dans votre discographie jusqu'aux variations Goldberg que vous venez d'enregistrer. Dans le festival avec le nom d’Offrande Musicale. Vous êtes un bachmaniaque inconditionnel ou vous trouvez dans Bach l'essentiel de la musique ?

Je pense que le la production de Bach est un cadeau fait à l'humanité. Mon amour de la musique de Bach et se voit un peu partout. C’est le compositeur qui m'a le plus impressionné, qui m'a le plus inspiré. Qui m'a appris aussi le plus de choses. en côtoyant des oeuvres écrites avec une telle perfection. C'est aussi une sorte d'éducation musicale le meilleur sens du terme. Je ne prétends pas être spécialiste ou monomaniaque par rapport à Bach. Mais c'est vrai que pour moi, comme pour la plupart des musiciens classiques, Bach est une sorte de jalon absolument fondamental pour toute la musique classique occidentale. C'est la figure majeure auprès de laquelle la plupart de ses successeurs sont venus s'abreuver d'une manière directe ou indirecte. Comment une telle perfection structurelle et formelle peut se s'accompagner d'une musique aussi expressive et aussi libre. Une sorte de quadrature du cercle qui ne lasse pas de nous impressionner encore 300 ans après

Quel est votre regard sur ce jeune pianiste qui recevait ses premiers prix au conservatoire de Tarbes il y a 25 ans ?

Je ne suis pas quelqu'un qui se retourne beaucoup sur le passé donc j'ai je ne peux pas dire que j'y pense très souvent. Je pense plutôt à la suite à ce à quoi je suis occupé d'un moment présent. Mais lorsque j'y pense, ce n’est toujours avec beaucoup d'indulgence parce que je me rends compte du chemin qui restaient à parcourir. Alors que quand on est jeune pianiste, on a toujours envie de penser qu'on est déjà arrivé à faire quelque chose qui a déjà un peu de valeur. Avec le recul je me rends compte que j'étais loin du compte et qu’on est toujours rendu compte au fond. Plus on pense s'approcher de notre but, plus il s'éloigne. C'est l'histoire de la vie d'un artiste de comprendre que son exigence ne sera jamais satisfaite.

Après avoir joué sur quelques-unes des plus belles scènes, des festivals, vous avez envie d'aller vers quoi ?

C'est une bonne question. C'est une question que je me pose assez rarement alors que j'ai sûrement tort parce que Je viens de rentrer dans les dans la quatrième décennie.

En fait j'ai envie d'être surpris. Comme le projet avec John Neumeier qui va venir pour l’Offrande Musicale avec et sa compagnie Hamburg Ballett. Une compagnie de danse extrêmement importante et un chorégraphe absolument légendaire. Un projet que j'ai eu la chance de faire avec eux et que qu'on va refaire ici. C'est un projet auquel je ne m'attendais pas et qui m’est un peu tombé dessus d'une manière inattendue. Et j'ai découvert au monde, celui de la danse que je ne connaissais pas très bien. Grâce à un artiste aussi génial que John Neumeier, certains préjugés que je pouvais avoir sur le fait qu'une musique puisse être dansé ou pas se sont évanoui. Je me suis rendu compte qu’un chorégraphe a un vrai respect, une vraie compréhension de la musique, le fait que cette musique ne soit pas pensée pour être dansé n’a finalement pas beaucoup d'importance. Il arrive à trouver une traduction qui n'est pas juste un mouvement plaqué sur la musique, qui est une sorte d'émanation de la musique elle-même à travers le mouvement. Je n'étais pas forcément convaincu avant d’avoir cette expérience parce que j'ai parfois vu des chorégraphies ou un travail qui me semblait ne pas correspondre vraiment à ce que j'entendais. Là ça a été totalement l'inverse. C'est vraiment un des projets majeurs de cette année et un des projets majeurs tout courts même pour les années à venir. Je suis très content de pouvoir amener un homme comme celui-là avec cette compagnie à Tarbes dans l'Offrande Musicale. C'est un peu surréaliste au fond et je suis vraiment heureux de pouvoir l’amener dans ma ville natale.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

Artistes

L’Offrande Musicale au début de l’été avec un programme exceptionnel


Du 29 juin au 11 juillet, les Hautes-Pyrénées vont accueillir quelques grands noms de la musique. Richard Galliano au Château Montus pour un hommage à Astor Piazzolla. Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée sous la Halle Marcadieu à Tarbes avec une expérience sensorielle immersive. Renaud Capuçon et l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Riccardo Muti à la baguette au sanctuaire de Lourdes. Et le Ghost Light de John Neumeier, Hamburg Ballet avec David Fray. Les réservations sont déjà ouvertes.