Quel regard avez-vous sur 17 ans de Vox Bigerri
J'ai un regard assez admiratif du travail qui a été fait et de la réussite du projet. Quand on a commencé en 2005, c'était un projet modeste mais qui était très novateur. On ne savait pas alors quel écho ça allait recevoir au sein de la population de Tarbes et du département des Hautes-Pyrénées. On s'est rendu compte rapidement au fil des mois qu’il y avait une audience croissante et vraiment une écoute attentive. De ce qu'on proposait alors, une ouverture du champ bigourdan sur d'autres secteurs, sur d'autres pays de l'Europe du Sud. Qu’un même groupe puisse chanter des chants corses, des chants italiens, des chants Catalans par exemple. Ca a suscité un peu de curiosité au départ. Il y a aussi eu des personnes qui était dans l'incompréhension, et qui nous ont dit qu’on allait tout mélanger, qu'on n'était pas fidèle à la lignée. Nous on était persuadés que c'était justement en s'ouvrant à d'autres contrées, à d'autres influences, qu’on allait attirer un nouveau public vers cette forme musicale, vers le chant polyphonique.
Une approche que d’autres formation adopte en reprenant vos chansons comme Les éléments avec Monségur 1944 !
Oui, tout à fait. Montségur 1944, c’est un morceau qui continue avec Les éléments qui ont voulu se l’approprier et l’enregistrer. Ils le chantent aussi beaucoup en concert, en France et à l’étranger. Et ils mettent cette œuvre à l’honneur en le retenant dans les 10 œuvres emblématiques de leur 25eme anniversaire. Et d’autres chants continuent de vivre, avec d’autres ensembles vocaux que ce soit en Bigorre, en Béarn ou du coté espagnol avec des groupes catalans qui reprennent nos chansons aussi. Ca fait plaisir de voit tous ces morceaux qui continuent à être chantés, à vivre.
Quels sont vos projets depuis la fin de Vox Bigerri ?
Pour l'instant je continue à chanter en polyphonie avec des voix féminines au sein d'un trio qui s'appelle Albada. Et J'ai monté Trobas Novas, un projet assez différent, avec un percussionniste, un luth oriental, dans lequel je suis le seul chanteur, pour faire entendre des chants de la Méditerranée et d’Occitanie. Et il y a aussi Estelum, un groupe de polyphonie occitane féminine avec cinq chanteuses que je dirige. Je suis directeur artistique, mais je vais aussi chanter pour quelques concerts.
La voix est toujours au cœur de vos projets. Est-ce l’instrument qui vous offre le plus de possibilités ?
J'ai appris beaucoup d'instruments de musique que je pratique toujours. Mais c'est la voix qui m'a permis d'avoir le plus d'émotions musicales, qui m’a permis de m'ouvrir sur plein de cultures différentes, plein de langues. Ça m'intéresse aussi parce que ça permet de rencontrer beaucoup de personnes. J'ai pas mal voyagé en Europe, pour faire des concerts, mais aussi pour rencontrer des chanteuses et des chanteurs du Portugal jusqu'à la Grèce. Le fait de chanter en occitan ou dans d'autres langues, est une vraie clef pour entrer en relation avec les personnes. Quand on est chanteur on est souvent très très bien accueilli. En Italie, en Sardaigne, en Corse, en Grèce, les maisons s'ouvrent et les oreilles aussi. C'est comme une famille le chant. Et c'est ce qu'on essaie de montrer à travers notre festival de polyphonie Tarba en Canta. Montrer que l'on soit des Pyrénées, des Alpes, de la Bulgarie ou d'une île de la Méditerranée le fait de chanter fasse qu’il y a quelque chose qui se tisse entre les personnes. C’est un lieu de convivialité.
Est-ce la voix est avant tout porteuse de mots ou d’une musicalité ?
C’est une question très importante que vous posez. C’est surtout la musicalité de la voix. Il y a un savoir-faire sonore que les chanteuses et les chanteurs se transmettent de génération en génération. Que ce soit conscient ou implicite. Particulièrement dans les polyphonies. Pour arriver à créer du son, à tisser du son. Dans les canteras, il y a un son vraiment clair, chatoyant, vibrant. Et c’est ça qu’on vient chercher dans ces moments de convivialité vocale. Une addition des voix dépasse la somme. On dit que l’équation de la polyphonie, c’est 1 plus 1 égale 3. Quand deux voix sont en fusion, quand elles sont vraiment accordées, il se passe un phénomène sonore qu'on appelle Votz Deus Anjos, la voix des anges dans les Pyrénées. Et que les Italiens appellent la voix de la Madone. Une façon poétique de dire qu’il se passe quelque chose dans le son. C’est un phénomène qui s’explique quand on décortique le son avec des appareils compliqués mais on peut tout simplement l’écouter, le ressentir et le partager.
Ou écouter Pascal Caumont ?
On a donné un des premiers concerts de Trobas Novas au conservatoire de Béziers le 6 octobre. Avec Estellun on a chanté à Luz-Saint-Sauveur mi-septembre, mais il n’y encore rien de confirmé pour la suite en 2024. Il y a en revanche pas mal de choses pour le Trio Albada. Le 21 octobre dans la Quinzaine Occitane à Tonneins en Lot-et-Garonne, le 30 novembre Albada sera au Parvis à Ibos ou nous allons participer à des rencontres culturelles. Et en juin e trio sera dans le programme du festival Tarba En Canta.
On a aussi des vidéos sur Youtube. Quelques-unes de Albada. Et surtout des vidéos de Vox Bigerri dont certaines ont dépassé les 200 000 vues.