On les avait découvert masqués à La Gespe, on les retrouve quelques années plus tard sans fard à Hèches. Rencontre avec Yvette Ornière pour comprendre le chemin parcouru (avec leur tricycle).
Tout démarre avec Ni vu ni connu. Et depuis c’est des déclinaisons sans limites ?
On a commencé Manu Caen 2010 avec Ni vu ni connu. J’étais une musicienne issue de la scène. Avec notamment le Pic d’Or, La Gespe avec Pierrot Domengès. On a remplacé la batterie par un cajon, on a enlevé le souba et troqué la guitare électrique contre une guitare acoustique pour Pas vu pas pris. Une formule réduite pour les gros plateaux ou il ne faut pas que la première partie soit plus grosse que la tête d’affiche. On a grandi, on finissait sur des scènes de 15000 personnes. Pas en tant que tête d’affiche car on se refuse à faire de la téléréalité ou du radio edit. Grandir apporte de plus en plus de contraintes et de moins en moins de considération. Et le public s’éloignait : on a commencé dans les bars, dans les petits festivals avec le public juste à nos pieds et puis quand grandit, la première chose qu’on voit, c’est une tour caméra qui vient nous filmer de face sur une énorme scène.
C’est le prix du succès, non ?
C’est cher payé ! Au débriefing d’un concert on s’est demandé si on a vraiment envie de continuer comme ça. J’avais envie de revenir à un truc essentiel que je fais depuis que je suis petite ici : les aubades et sérénades où on joue dans pour les gens, chez les gens, dans la rue. Je cherchais un solex pour tourner un clip pour Yvette is not dead, un projet solo plus intimiste. Et je suis tombé sur un triporteur orange en piètre état. Quand je l’ai vu, j’ai dit je sais c’est ça qu’on va faire.
Et vous voilà partis en triporteur ?
J’ai dit à toute l’équipe. On va on va mettre la scène de côté parce qu’on est quand même des artistes de scène. Mais on va essayer de se développer autrement et ailleurs. On a pensé à ce projet rue. On a inventé l’épicerie fine de la chanson française, Les accords de Léon. Avec le triporteur qui déambule dans les rues pour proposer un spectacle avec des musiciens et des comédiens. Et puis les musiciens sont devenus un peu comédiens, et le comédien musicien. Et on a ajouté un circassien. Voilà comment on passe d’un projet 100% musical à une forme qui associe la musique, le théâtre, le cirque, l’happening. De la danse aussi. Et on a fait plein de projets depuis dans cet esprit. L’année dernière, on a sorti Tri cycles air sur la sensibilisation au tri des déchets avec des saynètes et beaucoup d’humour. On est présent sur un festival ou un gros événement toute la journée pour sensibiliser les techniciens, les autres artistes, les bénévoles, les salariés et le public à bien trier ses déchets sur le lieu de la manifestation. Et en contrepartie on va leur recycler une musique périmée.
Qu’est-ce qui rassemble tous ces projets ?
C’est l’accordéon. On a une devise qui dit « l’accordéon rend moins con ». On a fait des t-shirts avec cette devise. C’est l’accordéon, la chanson française, la composition. Ou quand c’est une reprise c’est à notre sauce donc totalement réarrangé.
Les déchets, le respect de l’environnement, c’est un thème qui vous est cher !
Ça fait douze ans qu’on est écoresponsables. On ne demande pas de serviette sur scène, pas de bouteille d’eau en plastique parce qu’on a été éduqué comme ça. Et tout ce que nous faisons, tout ce que nous concevons est pensé avec l’écoresponsabilité. On ne fait pas de voyage en avion, sauf quand on va jouer au Canada parce que la c’est compliqué par la mer. On pourrait, mais c’est une logistique complexe ! Du coup on s’est recentré sur la France. Oui, c’est notre culture et ça se retrouve dans ce que nous faisons et comment on le fait.
Quels sont vos projets actuels ?
On a des projets qui prennent de plus en plus de place. Déjà qu’on a le souci du détail pour la fabrication c’est assez long. On ne veut pas qu’il y ai un fil qui sort, électriquement on ne doit rien voir et tout est dans l’esprit écoresponsable qui est le nôtre. C’est comme un morceau de Mozart : ça parait simple et quand on le joue on se rend compte que ce n’est qu’une apparence. Là on passe à la taille au-dessus avec un escalier motorisé d’aéroport qui sera au centre d’un nouveau spectacle.
Culture Son bientôt en Hautes-Pyrénées
Hier ils étaient à Orléans avec Tri cycle air. Culture son repart juste après pour le Domaine viticole de Ouches à côté de Roanne avec Tricyclette. Et ainsi de suite : Culture Son enchaine les dates dans toute la France. Et pas très souvent en Hautes-Pyrénées. En tout cas pas avant le 24 juillet ou ils seront avec Les accords’léon à Luz-Saint-Sauveur et le 28 juillet avec A tricyclette à Argelès-Gazost. La programmation complète est sur www.cultureson.fr
C’est en dehors de leur planning qu’on trouve la 1ere date dans le département : ils feront la clôture de la Fête de la musique de leur «Serinette» à Hèches