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Eric Chafer (Bagnères-de-Bigorre)

Quand Eric Chafer sort son harmonica de la poche

Rencontre avec Eric Chafer quelques semaines après de la série de concerts aux côtés de Benjamin Moussay dans toutes les Hautes-Pyrénées sous la houlette du Parvis, de Jazz MDA et de Traverse

Eric Chafer pour une interview dans les rues de Bagnères-de-Bigorre

Eric Chafer pour une interview dans les rues de Bagnères-de-Bigorre

Ou êtes-vous entre le tuba des Troublamours et l’harmonica du duo avec Benjamin Moussay ?

L’harmonica, c’est une histoire tumultueuse et passionnée qui a débuté quand j’étais enfant. Avec des longues pauses. J’ai fabriqué et expérimenté mon propre instrument quand j’avais 20 ans. Je le trimbalais partout, sans jamais le sortir de ma poche. C’est lors d’un long break de ma pratique de l’harmonica que j’ai passé quinze années de fraternité, de promenade de Naples à Berlin avec les Troublamours. J’étais déjà bassiste, je me suis mis au tuba en quelques jours. Endosser le rôle du tuba, dans la chaleur d’un groupe de frangins, à l’ombre de leurs charismes, me convenait bien plus que de faire l’acrobate en pleine lumière sur un instrument de facture imparfaite puisque fabriqué maison, requérant une technique imposante pour la moindre note et produisant un son si faible qu’il semblait peu associable à l’idée de représentation publique. Alors que le tuba lui, jouait immédiatement un son généreux, faisant danser les gens, ravissait mes compagnons, tout en m’offrant sur scène quelques mètres carré de laboratoire discret.

C’est quoi cet harmonica qualifié d’augmenté ?

C’est sa cocasse référence dans le monde l’harmonica. Personnellement je l’ai baptisé l’Abeun. C’est 20 lamelles vibrantes sur 8 cm de métal. Mais il y a d’autres notes bien cachées. Une technique d’aspiration minutieuse permet de trouver 20 notes supplémentaires. Ce qui porte le total à 40, soit la tessiture d’un demi-piano dans seulement 8 cm. Comme on n’en joue quasiment qu’en aspirant, on a tendance à avaler cette musique plus qu’à la projeter. Une pratique d’un infinie délicatesse au service d’une apparence inutile.

Les Interprétation de Sonny Rollins à Chopin que vous avez publié sur Youtube permettent d’en mesurer la richesse !

A l’exception d’un album de chansons avec mon vieux complice Francis Ferrié il y a 25 ans, je n’avait jamais enregistré avec cet instrument. Donc c’est juste l’envie pendant la covid de poser quelques grains de sable dans l’océan youtubesque. Des cartes postales de mon voyage musicale qui s’apparentent il faut le reconnaitre, à une robinsonnade.

Comment s’est passée la rencontre avec Benjamin Moussay ?

Il a de la famille dans la région. Voilà 10 ans que nous nous amusons beaucoup à jouer ensemble lors de soirées privées. Je l’ai invité un jour pour un concert au festival Piano Pic et alors qu’il me connaissait comme bassiste, on a expérimenté le duo harmonica-piano. Ca a été un peu comme une deuxième rencontre. Il est bouillonnant, insatiable. Je suis lent. Mais il y a entre nous un cercle de proche, Jazz MDA, l’association Traverse qui, avec le soutien logistique du Parvis, ont permis d’amorcer la collaboration qui a engendré la série de concerts de décembre dernier.

Quels sont vos projets ?

Je travaille sur un volumineux ouvrage qui couvre la seconde moitié de 19e siécle. Le journal d’un musicien en 1896, l’année ou est sorti le Marine band, le plus célèbre harmonica de Blues. Ce musicien à inventé un harmonica comme le mien, mais à une époque ou Il n’y a pas la technologie qui permet de faire entendre le son de cet instrument au-dela du cercle de 2 ou 3 personnes.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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