Les ombres et les reflets sont omniprésents dans vos œuvres. La lumière est au cœur de votre travail ?
C’est non seulement au cœur de mes sculptures mais c’est même leur raison d’être. L’inox poli miroir a la particularité de réfléchir la lumière. Il peut aussi faire réfléchir intellectuellement avec des messages philosophiques et symboliques. C’est cette dualité, la complémentarité des mots entre réfléchir et faire réfléchir qui est au centre de tout.
La lumière est aussi mise au service de l’illusion chez vous !
Surtout avec des oeuvres comme celle-là-la qui s’appelle Méfiez-vous des certitudes
. Je mets des pièges à l’intérieur pour que l’être humain doute. Et un être humain qui doute s’apaise, élargit son champ de vision, il ne reste pas dans des situations extrêmes. Pour chacun de mes six thèmes, je choisis un symbolisme qui bouscule pour créer l’apaisement, la douceur et la légèreté.
Vous associez aussi les formes anguleuses de carrés à des formes plus fluides !
Je pars toujours de quelque chose de carré, de cubique. Pour les bases, la structure, Je réalise cette forme vraiment établie pour pouvoir ensuite la déstructurer. Il doit y avoir un équilibre dans le cube, dans la déstructuration et dans le rapport entre les deux. Il y a quelques principes comme le nombre d’or comme ce genre de choses-là qui sont très importantes dans les équilibres de proportions.
De la lumière partout, sauf dans « envol-émoi ». C’est une série à part ?
C’est une œuvre qui résume toute ma vie. Et qui peut résumer la vie de tous les êtres humains. C’est un concept très particulier puisque je n’ai aucune pièce. Je me déplace chez les gens qui me confient un mur et je vais faire une œuvre sur place, selon les dimensions du mur, selon l’environnement dans lequel je suis, selon le caractère des gens qui vivent là, selon les couleurs qui sont présentes chez elles. Avec un message symbolique universel fait de petits carrés qui restent dans le cadre et de carrés qui s’envolent là où le cadre s’ouvre.
Vos sculptures naissent sur le papier ?
Non, mes sculptures sont dans ma tête. Il n’y a pas de plan, pas de moules, chaque pièce est unique, même s’il y en a plusieurs sur le même thème. Le cerveau du sculpteur projette dans sa tête ce qu’il veut atteindre. Les mains travaillent car elles ont la maîtrise de la technique. Je sais où vont se trouver les plissures. Quels effets je vais pouvoir avoir de reflets, de couleur, de pénétration et autres. Avec toujours des surprises, des choses qui ne se passent pas exactement comme je l’attendais. Mais une fois terminé quand la pièce revient de chez le peintre, que je me rends compte que je suis arrivé à ce que j’avais conceptualisé dans ma tête.
Et toujours avec une qualité de finition impressionnante !
La qualité de la finition est primordiale. Je suis très exigeant : il ne doit y avoir aucun défaut. Et je les vois tous ! Chaque pièce est finie au millimètre pour que tout soit le plus aligné possible car une sculpture se doit d’être parfaite en tout, même si c’est déstructuré.
