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Nicolas Maureau

Nicolas Maureau, un peintre nourri aux portraits classiques

Ses peintures contemporaines nourries de l’iconographie classique sont présentes simultanément à l’Omnibus et au Pari. Rencontre avec le plus tarbais des peintres toulousains.

/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Que raconte la série En majesté exposée à l’Omnibus ?

C’est la dernière série que j’ai faite. Elle réinterprète des figures de pouvoir pour nous amener à questionner cet héritage que nous avons de la façon de symboliser le pouvoir, d’interroger la figure de pouvoir. Que soit un roi, un pape, un général ou un président. Je reprends des postures, des types de représentation de l’histoire de l’art. Alexandre le Grand est représenté comme une sculpture antique de l’imperator mais c’est un jeune homme d’aujourd’hui, avec des vêtements modernes. Une femme en robe de chambre de satin avec une plume à la main, est comme Marie-Antoinette en gaulle comme l’a peinte Élisabeth Vigée Le Brun au 18e siècle. C’est aussi un jeu avec le spectateur où je donne des indices pour mettre sur la piste.

C’est un pouvoir intemporel ou il est ancré dans notre temps ?

Cette série parle de notre rapport au pouvoir maintenant. Mais ce rapport du pouvoir est ancré dans une histoire. Le fait de se présenter comme un homme fort ou une femme forte quand on est dirigeant, est totalement ancré dans les représentations qu’on pouvait avoir de Catherine II de Russie ou de Napoléon. Et que nous continuons d’avoir. On montre aussi un pouvoir qui est en train de se défaire avec beaucoup de personnages ont mal fini. C’est un pouvoir en pleine déconnexion aussi. C’est précisément toutes les facettes de ce pouvoir que je veux montrer.

C’est un portrait ?

Je ne fais pas vraiment du portrait au sens strict. Si c’était le cas, Darius s’appellerait Brice, c‘est le nom du modèle. Ce n’est pas du portrait au sens de l’histoire de l’art, même si dans la série en majesté la frontière est floue : est-ce le portrait de Darius ou le portrait de Brice. Pour moi c’est une représentation de Darius. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant la personne que sa résonance symbolique, la manière dont un corps contemporain peut porter, à travers un geste, une posture ou un accessoire, une mémoire collective ou une puissance iconographique.

Et au Pari ?

C’est une exposition sur le portrait partagée avec Philippe Pujo. J’expose des œuvres d’une autre série qui s’appelle Mélancolie. Avec des personnages allongés et un onirisme qui fonctionnent bien avec les paysages de La belle au bois dormant qu’a fait Philippe Pujo. On a un lien assez conceptuels sur comment on envisage la peinture qui nous rapproche. C’est vraiment pertinent comme expo.

Doit-on connaitre l’histoire de l’art pour peindre ?

De mon côté, oui, cela demande des connaissances : mes peintures s’appuient souvent sur l’histoire de l’art, l’iconographie religieuse, mythologique ou politique, avec en majesté les usages du pouvoir à travers les images.

Alors est-ce que le public doit connaitre ses classiques pour comprendre votre peinture ?

Pour le spectateur, cette culture n’est pas nécessaire. Le titre ouvre une porte : il évoque quelque chose, parfois précis, parfois flou. Il active une mémoire dormante. Et l’image doit parler d’elle-même, elle doit permettre la projection, la reconnaissance, parfois même créer un trouble.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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