Emmanuel Macron a annoncé la fin de la fermeture des lieux de culture pour le 19 mai. Comment est Le Gespe du jour d’après ?
La Gespe n'a jamais vraiment fermé. On a continué notre activité. Pas la diffusion de spectacles, des dans notre grande salle bien sûr. Mais les professionnels ont pu continuer à venir. On a travaillé avec des artistes avec plus de résidences qu'on en fait habituellement. On a également fait une présentation face à des professionnels de spectacle jeune public qu'on a créé ici en résidence. On a travaillé tant qu'on a pu en milieu scolaire, comme au lycée d'Argelès-Gazost avec un projet musique et guerre d'Espagne. On développe depuis des mois un projet avec le collège de Tournay, on a commencé autre chose sur le collège Victor Hugo. On toujours maintenu de l'activité à La Gespe, y compris pour les intermittents qui travaillent avec nous avec ces activités, avec des formations, avec l'entretien de notre matériel. On a fait à sorte de soutenir les artistes et les intermittents autant qu'on a pu.
Le redémarrage est encore compliqué car on n'a pas encore toutes les infos. La Gespe est une salle debout. On a mis des gradins pour 180 places, mais on ne pourra rouvrir avec une jauge réduite à 35% et un couvre-feu à 12 heures. On programme quand même mais dans d'autres lieux. Des salles assises comme le Théâtre des Nouveautés ou le 5 juin il y aura le spectacle Sapho chante Barbara.
Et quel sera l'été de La Gespe
On espère que cet été on pourra faire des spectacles dans des lieux assis. On travaille en particulier sur une programmation chanson en milieu rural dans des petit lieux. On a aussi le Magic Bus qui vient d'arriver et qui va nous permettre de se déplacer pour monter des projets culturels sur un territoire plus large.
Il y a encore des interrogations pour les concerts debout. On ne sait pas encore quelle jauge on applique quand on fait des concerts en plein air. C'est un problème qui se pose pour le festival de Rockabilly. On a annulé le festival cet année car on a besoin de l'année pour l'organiser et que ça représentait un risque trop important de le maintenir quand il faut s'engager vis à vis des groupes quasiment un an à l'avance. Mais on voudrait offrir un concert gratuit de rockabilly aux tarbais fin aout. On a besoin de plus d'informations pour savoir si on peut le faire debout, dans un lieu clos pour maitriser la jauge. On en saura plus début juin. Mais pour les gros concerts il faudra qu'on puisse utiliser notre salle, et La Gespe c'est une salle debout.
Comment vous avez adapté la programmation de la prochaine saison ?
On a joué sur le timing. Les premiers concerts de l'année, fin aout et début septembre se dérouleront dans des salles assises avec une jauge adaptée. Il y aura un concert hommage à Brassens au Lalano à Trie-sur-Baïse, les Frères Brothers en septembre à Maubourguet, un cabaret swing en plein air à la nouvelle Halle de Juillan. Et les plus gros concerts commenceront en octobre car il faudra que les contraintes sanitaires nous permettent d'utiliser notre salle car on n'aura pas de plan B. On ne peut pas imaginer de faire le concert assis de Jane Birkin, de Paul Personne ou de Zoufris Maracas.
Est que ces confinements ont changé votre relation avec le public et avec les autres professionnels ?
On a essayé de maintenir le lien avec des vidéo des artistes programmés envoyées au public sur la page Facebook de la SMAC. Les contacts que j'ai eu montrent un public qui trépigne pour que la programmation reprenne.
Le lien avec les professionnels du spectacle a beaucoup changé. On a senti beaucoup plus d'humilité de la part des grosses boites de productions avec qui on travaille. Alors qu'on toujours du mal a avoir une réponse, que pour eux Tarbes ne compte pas beaucoup car ce n'est pas une grande ville, ils ont été beaucoup plus réactifs, plus attentifs et plus compréhensifs. Ils arrivent avec des propositions pour qu'on arrive à reporter les dates quand ils arrivent à reporter toute la tournée.
Est que le public va revenir dès le début ou pensez-vous qu'ils sera plus difficile de le remobiliser ?
Je crois que le public est impatient qu'il y ait des spectacles. Mais pas forcément pour y aller. Je ne suis pas sûr que tous ceux qui parlaient de culture, qui manifestaient pour la culture, qu'ils viennent tous vraiment voir des spectacles. C'est dommage parce que la culture a besoin d'eux, a besoin d'avoir un public plus large. Que ce soit à La Gespe ou ailleurs. Je crois que petit à petit on va retrouver ce qu'on avait avant. Pas mieux. Et il y aura le contre-coup de la crise sanitaire qu a plus donné envie de grand air que de s'enfermer dans une salle de spectacle. Et la crise économique qu'on nous prédit va conduire les gens qui seront en difficulté à faire des choix qui ne seront pas forcément favorables aux salles de spectacle.
La Gespe est prête aussi ?
L'équipe de La Gespe est à fond. On a tous été très blessé par la pandémie car la fermeture a été terrible. Tout ce qu'on avait imaginé en termes de communication, de production, d'organisation, de partenariat a été remis en cause une première fois. On a à nouveau travaillé. Et une seconde fois tout a été touché par la pandémie. La seconde fois ce n'est pas remis en cause, c'est remis en jeu. L'équipe a beaucoup souffert de ça, même si on a profité de ce temps pour développer d'autres projets et garder la fibre Gespe. Là, on est dans l'idée qu'il faut qu'on reprenne
Comment les groupes ont traversé cette période ?
Je les ai trouvés raisonnable. Et très malins aussi car ils ont trouvé les solutions pour continuer à faire de la musique. Il y en a qui ont réussi à continuer à répéter entre eux, même si les conditions étaient moins bonnes. D'autres se sont dit que ça passerait. Maintenant ils veulent eux aussi retrouver la scène et le public. Je pense que quand ça va reprendre, il y aura une énergie et une folie extraordinaire ! Avec la fête de la musique, on aura un état des lieux et on pourra voir ce qui s'est passé pendant la pandémie pour la pratique musicale amateur.