On a vu Le lac des cygnes

C’est un Lac des cygnes ébouriffant que Angelin Preljocaj a présenté au public du Parvis lundi et mardi. Le monument de la danse classique en ressort tout rajeuni et propulsé par une énergie qui plante ses racines à la croisée de son histoire et de notre histoire. Sur le plateau du Parvis, il y a tout ce qu’il faut pour présenter un Lac des cygnes dans la lignée de sa tradition marquée par les références éblouissantes de Marius Petipa à Rudolf Noureev dont la chorégraphie est reprise depuis près de quarante ans par les danseurs de l’Opéra de Paris. Des références qui sont aussi écrasantes pour créer une nouvelle chorégraphie du Lac des cygnes. A moins de décider bousculer le vénérable monument. C’est la voie qu’a choisi Angelin Preljocaj. Sa vision du Lac est à la croisée du respect profond pour ce que cette chorégraphie incarne dans la culture collective, de sa culture qui établit un pont de la danse classique à la danse contemporaine. Et de son ambition, d’apporter sa pierre, sa vision de ce superbe matériau. Une conjonction qui marque le spectacle que les spectateurs tarbais ont pu voir lundi et mardi. Une vingtaine de danseurs dans les codes du ballet classqiue, tutus compris qui interprêtent au gré de la musique de l’usine a tubes qu’est la musique de Tchaïkovski des tableaux qui associent de grands mouvements dans l’esprit des ballets classiques et une gestuelle bien plus moderne. Aussitôt dynamités par des inserts qui viennent bousculer le monument avec des musiques bien ancrée dans notre temps comme celle de 79D, des vidéos qui nous ramène à notre époque de crise entre la finance des uns et le bien commun qu’est notre terre, et une chorégraphie résolument contemporaine. Le temps que le cocktail complexe se distille, les rouages de ce Lac des cygnes s’activent. Et le monument se met à bouger. Superbe.