Comment construisez-vous la programmation de la musique au Parvis, dans tout son éclectisme ?
C’est une alchimie complexe. L’éclectisme est un héritage historique. La programmation musicale est présente depuis le début et elle a toujours été éclectique. C’est un équilibre à trouver entre les grands repères, ce qui va être de l’ordre de la musique classique par le biais de la musique symphonique, ce qui va être lors du jazz et ce qui va être de l’ordre de la chanson. Il va y avoir la musique de création, ce qui est dans l’air du temps. Qui sont quelques fois des choses qui sont inclassables ou qui forment des projets un peu spécifiques comme Dark side of the rock en janvier prochain ou tout à coup on est plusieurs à se retrouver autour de la table avec le matériau musical qui fait qu’on se retrouve. C’est aussi un équilibre entre des choses bien identifiées par le public, et d’autres qui relèvent plutôt de la découverte. Et une programmation c’est aussi une histoire de coups de coeur.
Est-ce qu’il y a des moments qui ont marqué les 50 ans du Parvis ?
Pardon, mais je n’ai pas du tout réfléchi à ça. C’est plein de choses, mais c’est difficile de dresser une liste des grands musiciens qui sont passés au Parvis au risque d’en oublier. Il y a Maxime Le Forestier qui a été le premier grand concert puisque le parvis s’est trouvé débordé avec des spectateurs qui arrivaient de partout. Et pour les 50 ans il revient début décembre. Et puis les moments forts c’est aussi tous ces moments inattendus qui sont souvent les plus beaux. La venue de Xenakis très certainement, les Percussions de Strasbourg aussi. Il y a certainement beaucoup de moments que je n’ai pas en tête tout de suite.
Il y aussi des concerts crépusculaires, comme Daniel Darc ou Marquis de Sade
On ne le savais pas alors, mais ça a été le tout dernier concert de Marquis de Sade ici. Mais pour moi ce sont des concerts marquants, mais pas d’immenses concerts.
Comment fait-on pour faire venir des artistes plus habitués à compter de public par milliers ou dizaines de milliers ?
Ca ne dépend pas que de nous mais c’est une conjonction de beaucoup de facteurs. Par exemple pour faire venir Tiken Jah Fakoly en avril. Ca fait très longtemps que j’ai envie de le faire venir, mais si on pose la question a un tourneur, il trouvera qu’on est sous-dimensionné entre un stade et un Zénith. Alors on discute avec des gens qui connaissent l’artiste, quand on n’a pas la chance de discuter directement avec les artistes. On parle des tournées à venir, de ce que l’artiste a envie de faire. C’est en discutant que l’information est tombée en disant que Tiken Jah avait envie de faire une tournée dans des salles plus réduites avec des musiciens traditionnels d’Afrique de l’Ouest. Si on a cette info très tôt, on peut se positionner. Il arrive que les artistes qui enchainent les grandes salles aient envie de retrouver plus d’intimité. A force de raconter ce qu’on fait, de dire à quoi on ressemble, il y a des choses qui se font. Ou pas. C’est une relation qui s’étale sur des années.
D’autant plus que votre programmation est calée très en amont !
C’est effectivement une contrainte supplémentaire pour faire venir des artistes qui programment à court terme comme les chanteurs qui tournent en fonction de la sortie des albums.
Les prochains concerts au Parvis
Avec les concerts de Stomp, de Cécile McLorin Salvant et du Trio Rodriguez Lopez Sandoval, la saison des 50 ans est à l’image de la tradition du Parvis, aussi éclectique que réjouissant. La suite nous réserve encore beaucoup de moments forts. Comme le 28 novembre Un piano dans la montagne sur les traces de Carmen de Bizet. Maxime Le Forestier bien sur, le 2 décembre. Ou le cycle Dark side of the rock en janvier avec Aquaserge, les haut-pyrénéens d’O.G.R.E et Emile Parisien qui est engagé dans une relation sur plusieurs années avec Le Parvis.