Le programme nous avait avertis : "le violet est l'instant ou la vue se perd dans l'ultra-violet, ou elle se met en danger pour tenter de percevoir des ultra-monde". On ne mesure pas bien avant le spectacle combien ce mot de "tenter" est déterminant. On tente bien de dépasser le maigre propos de la chorégraphie de Meg Stuart pour percevoir les "ultra-mondes" annoncés. On tente encore une fois d'entrer dans un univers ou on nous promet de voir au-delà du visible et d'entreprendre "un voyage ou les danseurs sont chargés de cartographier l'impalpable en plongeant dans les profondeurs de leur conscience". Ça ne s'invente pas, c'est écrit verbatim le programme de salle.
Mais nos tentatives resteront vaines, et nous resteront finalement à quai en regardant les cinq danseurs de la compagnie Damaged Goods, nourritures avariées dans le texte, pendant à peine plus d'une heure d'un spectacle qui s'annonçait comme court et brillant. Du voyage fabuleux on ne verra qu'une machinerie convulsive et assez bruyante pour que des boules Quiès soient proposées aux spectateurs lors de sa création au festival d'Avignon. Pas au Parvis. Ce violet restera ainsi pour nous qu'une lumière résolument froide, quelquefois agressive et désespérément dépourvue d'âme.