De Jean Giono, on connaît essentiellement les romans, comme Colline, Un roi sans divertissement ou le Hussard sur le toit. Moins son théâtre, modestement production de quatre pièces dont la première, « Le bout de la route » écrite en 1931 était proposée mardi soir au Parvis. Un homme errant arrive dans une maison perdue au bout de la route. Chez Giono, c’est probablement quelque part au fin fond de la campagne provençale, face aux Alpilles. Ca évoque pour nous plutôt les maisons les plus reculées de nos vallées Pyrénéennes, jusqu’avant que la montagne ne barre fermement la route. Le début de plus de deux heures ou Giono va nous montrer comment cet étranger au passé mystérieux qui n’allait nulle part va pénétrer le quotidien d’une famille aux habitudes bien ancrées. Une perspective qui réjouit les amoureux de Giono et de sa chère campagne. Moins les autres.
Mais voila, le théâtre n’est pas la reproduction brute ou stéréotypée d’une vision d’auteur. C’est aussi et surtout un espace de liberté qui permet d’aller au-delà de ce qu’on attend, en multipliant les angles pour sans cesse renouveler le texte. C’est bien ce que François Rancillac à réussi à faire avec le Bout de la Route de Jean Giono. De cette chronique campagnarde, il fait émerger ce que le texte à de plus beau et de plus universel. Le verbe d’abord, servi comme un écrin par la sobriété de la mise en scène. L’intensité des relations humaines ensuite, superbement mise en valeur par les comédiens, en particulier Eric Challier qui donne à Jean une belle humilité charismatique, ou Emmanuèle Stochl qui jour une sauvage Rosine avec une tendre hargne. Une subtilité du jeu et de la mise en scène qui nous permet de découvrir ou de redécouvrir ce que Giono à de meilleur.