Le rideau s’ouvre, on voit les comédiens figés, puis le noir. Une ouverture en forme de tableau flamand du 17eme siècle qui plante l’esthétique très graphique de la proposition. Puis la scène s’anime en nous plongeant dans le tableau de la dispute des pères de Chimène et de Rodrigue qui va nouer le conflit en l’honneur et l’amour. Yves Beaunesne a voulu situer sa mise en scène du Cid « entre le respect béat et la subversion bébête ». C’est bien comme ça que le public tarbais a reçu sa mise en scène du texte de Corneille. Avec les incontournables repères qui font de la pièce un des piliers du théâtre français, des tirades comme « Va, cours, vole, et nous venge » quand Rodrigue est chargé par son père de laver son honneur et d’être son bras vengeur et tuer le père de Chimène lors d’un duel, « Va, je ne te hais point » quand l’amour de Chimène pour Rodrigue doit ceder le pas à l’honneur d’une fille dont l’amant à tuer le père, « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port » quand Rodrigue revient victorieux de la bataille contre les Maures.
Mais c’est aussi un Cid plein d’impertinence dans son interprétation, dans le jeu entre honneur et amour écrit par Corneille. Mais peut-être encore plus dans la résonance de cet honneur hissé au premier rang des devoirs et ce que nous voyons autour de nous, particulièrement en ces temps de campagne présidentielle. Le tout servi par une dizaine de comédiens qui vont mêler théâtre et chant lyrique, et une superbe interprétation comme celle de Jean-Claude Drouot en père de Rodrigue et du jeune couple formé par Zoé Schellerberg et Thomas Condemine.