Ibsen vient clore le filon nordique de la programmation du Parvis. On avait adoré la trilogie Strindberg en début de saison. L’enthousiasme était plus mitigé avec « Après la répétition » de Bergman la semaine dernière. La série s’est terminée en beauté mardi avec « Le canard sauvage » d’Henrik Ibsen. On retrouve dans cette pièce tout ce qui fait le charme de ce théâtre nordique, cette vision décapante de la société servie avec humour et dérision.
Dans le canard sauvage, Ibsen s’ingénie à nous démontrer que le mieux est l’ennemi du bien, que la recherche de la vérité peut être la pire des choses. C’est dans cet esprit qu’il nous montre comment Gregers Werle ruine le bonheur conjugal de son ami Hjalmar Ekdal en voulant débarrasser son passé du mensonge originel. Il conclue par une morale peu morale, « Ne vous servez donc pas de ce terme élevé d'idéal quand nous avons pour cela, dans le langage usuel l'excellente expression de mensonge ».
Avec beaucoup de délicatesse, la mise en scène d’Yves Beaunesne nous enferme dans une spirale infernale. En laissant toute la causticité du texte infuser, il nous résigne a accepter le cauchemar. Avec Rodolphe Congé qui joue un Gregers Werle horripilant à souhait et François Loriquet un Hjalmar Ekdal incapable de résister, c’est une formule qui fonctionne parfaitement. Une véritable réussite !