Le public tarbais était au rendez-vous au Parvis mercredi soir et jeudi soir. Celui d’un metteur en scène, véritable star de la scène contemporaine et d’une des pièces phare du théâtre russe, ou même du théâtre tout court. La rencontre de Thomas Ostermeier et de La mouette d’Anton Tchekhov pour une conjonction de grands noms qui faisait saliver tous les amateurs de théâtre ! Un grand plateau presque vierge, des murs gris, les huit comédiens assis tout autour de la scène. Une mise en scène résolument moderne. Mais l’intérêt de la mise en scène ne réside pas vraiment là, ni dans le préambule qui jette un regard acide sur le théâtre contemporain et sur notre sensibilité au mort kilométrique qui fait qu’on n’a pas la digestion coupée par la guerre en Syrie tant que les réfugiés ne viennent pas échouer à nos portes. Ni dans la musique aussi électrique qu’omniprésente, de Jimmy Hendrix aux Doors via Lou Reed et le Velvet Underground.
C’est finalement plus dans le fond que cette Mouette trouve sa puissance. Dans le croisement des relations entre Konstantin et sa mère Irina, et entre Nina qui sera abandonnée par Trigorine. De la relation dramatique de Tchekhov, Thomas Ostermeier fait émerger les tensions sociales et générationnelles entre Nina qui aspire à devenir actrice et Irina qui est une comédienne bien installée, entre Konstantin qui a l’ambition d’un nouveau théâtre et Trigorine l’écrivain reconnu. Un éclairage qui donne à La mouette une nouvelle portée qui fait résonner avec notre époque le texte écrit à la fin du 19eme siècle servi dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot et adapté par Thomas Ostermeier. C’est ce qu’on pouvait attendre de cette nouvelle Mouette. Probablement était-il trop exigeant d’en espérer davantage.