En proposant de revisiter La maison de poupée de Ibsen, Lorraine de Sagazan avait sans doute pour ambition d’apporter un regard planté dans notre époque sur la relation de pouvoir entre homme et femme. D’éclairer la relation entre Nora et son mari Torvald décrite à la fin du 19eme siècle par le dramaturge norvégien, par un siècle d’évolution de la société. Son projet n’est pas de mettre en scène La maison de poupée, mais d’en proposer une relecture en permutant les situations de Nora et Torvald. Dans la proposition de Lorraine de Sagazan c’est Nora qui a une position brillante, celle d’une juriste dans une grande banque d’affaire. Alors que son mari qui a perdu son emploi reste à la maison. Et c’est Torvald qui a réalisé un faux pour permettre à sa femme de réussir, et qui risque de compromettre son avenir.
Mais La maison de poupée est une construction complexe. Alors que le texte se prête bien à la transposition dans notre époque, la permutation des rôles écrits par Ibsen et le séquencement finissent par montrer l’inverse de l’intention qu’on peut prêter à Lorraine de Sagazan. Sa Maison de poupée arrive à montrer aux spectateurs du Parvis une Nora fabriquée par un mari qui n’a pourtant pas vraiment d’épaisseur. Alors soit on se trompe sur les intentions de Lorraine de Sagazan, soit la construction de La maison de poupée l’a dépassé. Dans les deux cas le spectacle a quelque chose de bancal.