Une tempête de Shakespeare mise en scène par Irina Brook, la proposition est alléchante ! On pense inévitablement à son père Peter Brook, à son approche des classiques, un théâtre immédiat qui donne une vie nouvelle aux grandes pièces. En particulier celles de Shakespeare, justement. Comme « La Tempête » qu’il a monté il y a vingt ans dans son étonnant et attachant théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Un superbe et lourd héritage qui fait qu’on n’attend pas Irina Brook comme n’importe quel metteur en scène, en attendant de voir si le génie est héréditaire…
On comprend dès l’entrée dans la salle, qu’Irina Brook à décider d’échapper à cet héritage. Le décor chargé, presque encombré est déjà l’opposé du fameux Espace Vide de son père. C’est en effet vers un autre théâtre qu’elle nous invite. Elle choisit de revisiter la tempête plutôt que de l’adapter, une façon d’éviter les traces de son père. Prospero, Duc de Milan, devient avec elle le roi du spaghetti, et la tragicomédie de Shakespeare tourne sans aucun complexe à la farce. Un Shakespeare véritablement populaire, dans l’esprit du Falstaff Folies que Marcel Maréchal nous avait proposé à Lannemezan il y a quelques années. Alors même si le texte perd un peu de son intensité et de sa richesse, ce théâtre atteint un objectif qui n’est pas moins noble : celui de nous divertir, de nous faire passer une très bonne soirée, de nous emporter comme une irrésistible tornade shakespearienne. Les applaudissements nourris à la fin montrent que le public du Parvis n’a pas boudé ce plaisir !