Alors que les romans et les poèmes de Victor Hugo sont restés au firmament de notre culture littéraire, son théâtre est resté en retrait. Un théâtre moderne qui a rapidement pris un coup de vieux avec l’arrivée de ceux qui fonderont le théâtre contemporain. Comme les « 1000 francs de récompense » ou un bandit anarchiste au grand cœur qui rappelle Gavroche va déjouer le piège qu’un homme d’affaire véreux cherche à tendre à une famille ruinée en forçant la jeune héritière qui s’ignore à l’épouser. Heureusement le perfide sera démasqué, pour que l’honneur et l’amour finissent par triompher. Un imbroglio de trois bonnes heures avec plus de dix comédiens et de multiples décors. Un mélodrame un peu effrayant qui n’aura tenté que peu de metteurs en scène depuis sa création.
Il fallait donc une certaine audace à Laurent Pelly pour se lancer dans une telle aventure. Après nous avoir offert un superbe « Menteur » de Carlo Goldoni il y a deux saisons, il nous propose un retour à ce que la pièce de Victor Hugo à de plus populaire. « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu » écrivait Victor Hugo dans son Marie Tudor. Pelly à choisi le parti du grand. Des comédiens qui jouent sans ménager leurs effets. Des masques grotesques qui dansent. D’impressionnants décors qui se succèdent tout au long de la pièce. La générosité de la mise en scène et de l’interprétation ne tardent pas à nous emporter et les trois heures vingt de spectacles passent comme une bourrasque. On est comme des enfants fascinés par la neige qui tombe sur scène pendant plus d’une demi-heure. Oubliées les faiblesses de l’histoire, on profite tout simplement d’un beau moment d’un théâtre populaire à souhait.